« Le tourisme insulaire va connaître une année noire » @CorseMatin

Une trentaine de professionnels du tourisme échangeront ce jour, en audioconférence, avec le préfet et l’Exécutif de Corse sur les prévisions économiques. Jean-Noël Marcellesi, le président du Cercle des grandes maisons corses, demande l’installation d’une cellule de crise
Jean-Noël Marcellesi, président du Cercle des grandes maisons corses.
La crise sanitaire inédite suscite de vives inquiétudes. Qu’attendez-vous de la réunion qui doit se tenir ce jour avec l’Exécutif, le préfet et les acteurs du tourisme ?
En réalité, la question posée aujourd’hui est : serons-nous ou pas en situation d’ouvrir cette année ? Alors que la communication du gouvernement est évolutive en fonction des données scientifiques et statistiques, nous allons demander l’installation d’une cellule dédiée, amenée à se réunir une fois par semaine, afin d’étudier en temps réel la situation.
Avec des établissements aux portes closes tout ce printemps, le manque à gagner est déjà majeur…
Le manque à gagner est considérable. D’autant que traditionnellement, dès le mois d’avril, les établissements renforcent leur personnel à l’année, leurs salariés en CDI, par des CDD saisonniers. Si vous n’avez pas la visibilité sur les possibilités réelles d’ouverture de la saison, vous avez tendance à retarder les embauches ou à ne pas les faire. Ensuite, vous risquez de vous retrouver dans une situation où vous ne pouvez pas ouvrir car vous n’avez plus de salariés.
En tant que professionnel, avez-vous une infime certitude…
En échangeant avec les autres affiliés du Cercle des grandes maisons sur mes propres prévisions, certains les ont trouvées optimistes alors que j’annonçais dans une hypothèse d’une ouverture fin juin, un chiffre d’affaires divisé par deux en 2020. En réalité, le manque de visibilité est total puisque nous ne savons ni à quelle date va survenir le décon-finement, ni sa progressivité et à quels critères elle obéira. Nous ne savons pas non plus si les frontières seront ouvertes.
« La Corse va souffrir dans la durée »
Enregistrez-vous déjà des annulations ?
Pour mai et juin, les réservations sont presque toutes annulées. Pour le moment, le stock de réservations de juillet et août est à peu près intact mais il est très inférieur aux années précédentes car il ne progresse plus depuis le 10 février. Mais que nous puissions ouvrir ou pas, certains ont parlé d’année blanche pour le tourisme en Corse, ce qui sous-entend une année durant laquelle on ne fait ni perte ni profit, or ce n’est pas d’une année blanche qu’il faut parler mais d’une année noire. Nous allons la vivre, c’est une certitude, avec des pertes importantes et sans doute des accidents économiques. Si le déconfinement ne commence pas fin avril, début mai au plus tard, la saison est fichue.
Craignez-vous que des professionnels ne s’en relèvent pas ?
Exactement ! Le tourisme, c’est 25 % du PIB de l’île mais si on ajoute les effets induits sur les transports, la grande distribution, le commerce, la restauration, on est bien au-delà des 50 %. C’est donc par une réaction en chaîne que toute l’économie corse va rencontrer un véritable ouragan en 2020.
Mais une saison noire induit une année noire…
Ce qui renforce la difficulté de la Corse, ce sont ses handicaps structurels. Premièrement, l’insularité, la faible démographie de l’île qui fait que l’on n’a pas de marché intérieur. Les Corses ne viendront pas à l’hôtel chez nous ! On ne connaît pas encore la couverture aérienne dont disposera la Corse et notamment l’attitude des compagnies low cost. Redéploieront-elles leurs vols en direction de la Corse ? Mystère ! Une chose est donc d’ouvrir les établissements, une autre est, pour les clients, de pouvoir venir chez nous !
D’autant que les premiers clients de l’île ne sont pas épargnés par le Covid-19…
Les premiers clients de la Corse, tous types d’hébergements confondus, sont les Français. Les Italiens ont une présence importante surtout dans l’entrée de gamme et plus on monte de catégorie, plus on retrouve les Suisses, les Belges, les Néerlandais, les Anglais et les Américains. Pour les hôtels qui adhèrent au Cercle des grandes maisons, on est à contre-courant car on travaille avec 50 % d’étrangers.
Pour penser au lendemain de la crise, que faut-il ?
Des mesures fortes et de court terme pour soulager les difficultés les plus immédiates mais il faudra sans doute repenser le financement du tourisme en Corse sur le long terme. Il faudra être suffisamment imaginatif car l’on ne se relèvera pas d’un tel choc d’une année sur l’autre, c’est illusoire. La Corse va souffrir dans la durée. Il nous faudra entre 3 et 5 ans pour en sortir.
Quel rôle attendez-vous de l’Agence du tourisme de la Corse ?
L’ATC a joué jusqu’ici un rôle purement décoratif. Préconiser une campagne de communication pour véhiculer une image positive de la Corse est totalement inadapté. Si elle veut jouer un vrai rôle, il faut impérativement qu’elle revoie son plan et surtout qu’elle se dote de moyens financiers qu’exigent les circonstances.
Ce sera l’une des demandes posées sur la table lors de la réunion ?
Exactement !
PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE QUILICI-ORLANDI

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