Pour Christian Mantei, président d’Atout France, le confinement représente un séisme économique. / © IP3PRESS / MAXPPP |
L’épidémie de Coronavirus impacte l’économie mondiale. En Corse, de nombreuses interrogations subsistent quant au devenir de la prochaine saison touristique. Christian Mantei, président d’Atout France, répond à nos questions.
L’épidémie de Coronavirus n’est pas qu’une crise sanitaire, elle frappe durement l’économie planétaire, notamment le tourisme. Christian Mantei, président “d’Atout France” (groupement d’intérêts économiques, opérateur de l’Etat en matière de tourisme) , consultant et conseiller auprès d’un groupement d’investisseurs dans le domaine de l’hôtellerie, fait le point sur l’impact du Covid-19 sur l’activité touristique. Il a répondu à nos questions par téléphone, entre deux réunions à Paris.
- Les mesures de confinement vont impacter l’avant-saison touristique, notamment en avril, quelles seront les conséquences en Corse ?
Christian Mantei : C’est un véritable séisme économique, qui frappe les quatre piliers du tourisme. Les transports, les compagnies aériennes sont à l’arrêt. L’hébergement, les différentes filières en lien avec l’activité touristique et enfin la distribution. En Corse, le poids du tourisme va au-delà des 35 % du PIB, (produit intérieur brut), il avoisine plutôt les 50 % avec l’activité induite.
- Est-ce que ce sera une année blanche, une année sans aucun touriste en Corse ?
C.M. : C’est le déconfinement qui dictera la suite, pas seulement la date, mais surtout les modalités. La façon dont nous devrons vivre pendant les mois qui suivront le déconfinement. Pour l’instant, le scénario n’est pas encore connu, il n’est encore qu’à l’étude. Mais on peut déjà imaginer que la clientèle européenne fera défaut cette année. Si l’activité touristique reprenait après le confinement, elle serait alimentée essentiellement par une clientèle de proximité, une clientèle française.
- La clientèle italienne qui représente une part importante du tourisme en Corse sera donc absente cette année ?
C.M : Les Italiens, durement frappés par la crise sanitaire, voudront retrouver leurs familles après des semaines de confinement. Ils voudront passer du temps avec leurs proches. Et puis il y a l’impact direct de l’épidémie sur l’économie italienne, le chômage de masse qu’elle risque de provoquer. S’il y a moins de pouvoir d’achat, les Italiens voyageront moins.
- La plupart des structures hôtelières en Corse sont des entreprises familiales. Elles ne sont pas adossées à des groupes, est-ce une menace supplémentaire pour elles ?
C.M. : Elles sont plus fragiles, et dépendront énormément des aides publiques pour repartir. On parle d’une véritable reconstruction du secteur touristique ! C’est une situation inédite pour les entreprises Corses, mais au-delà, pour l’ensemble du tourisme mondial. L’implication des Etats devra être très forte, il faudra mettre l’humain au cœur de cette reconstruction. Les entreprises Corses devront tout faire, par exemple, pour maintenir le maximum d’emplois, pendant et après la crise, car les salariés qui restent seront précieux lorsque l’activité touristique repartira.
Par Henri Mariani (Edité par Audrey Altimare)