Le tourisme en suspens pour une durée indéterminée @CorseMatin

Les trains ne desservent plus la Balagne depuis le 18 mars. La navette entre Calvi et Lisula devrait cependant être rétablie dans les prochains jours. Archives CM
   
La plage de Calvi pleine de vacanciers, une image que l’on ne devrait pas revoir avant de longs mois. Archives  BIL


La crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus ne s’arrêtera pas à la fin du confinement et pourrait avoir un impact à long terme sur l’économie du pays. Certains spécialistes parlent de mois, d’autres comptent en années jusqu’à un retour à la normale. En Corse et en Balagne plus particulièrement, l’économie est extrêmement liée à la saisonnalité et au tourisme. L’impact de la crise du Covid-19 y serait donc encore plus important.

« Il faut s’attendre à une saison très difficile, assure Jean-Baptiste Ceccaldi, le président de l’Office intercommunal du tourisme de Calvi-Balagne et propriétaire de l’hôtel la Signoria. Le tourisme est le moteur de l’économie locale, les autres secteurs d’activité ne sont que des satellites. Or notre région cumule trois grands handicaps que sont l’insularité, l’hyper-saisonnalité et la quasi-absence de marché intérieur. La crise intervient au moment où devait débuter la saison touristique et on ne sait combien de temps ça peut durer. Cela crée un véritable trou d’air dans notre économie. En Corse, cette crise sera pire qu’ailleurs. »
La saison touristique débute d’ordinaire à Pâques, ce qui coïncide avec l’arrivée en Corse des premiers vacanciers de la zone A. La fréquentation va ensuite crescendo jusqu’au pic enregistré au mois d’août. Puis l’île se vide peu à peu jusqu’aux vacances de la Toussaint qui marquent la fin de saison.
Cette année, tous les voyages prévus en avril ont été annulés, ainsi qu’une grande partie de ceux prévus en mai et juin. La plupart des réservations pour juillet et août n’a pas été annulée mais les nouvelles réservations se font très rares. Le gouvernement déconseille d’ailleurs de prévoir des vacances trop lointaines ou à l’étranger.
« La clientèle étrangère ne sera pas au rendez-vous cet été, prévoit Jean-Baptiste Ceccaldi. Il ne faudra compter que sur le marché Français, qui est déjà notre marché principal et prioritaire puisqu’il représente 70% de notre clientèle. Les destinations de proximité vont être largement favorisées. Toutes les autres régions de France sont accessibles en voiture; notre insularité est une pénalité supplémentaire. Je pense donc qu’il faudra jouer sur le prix des transports maritimes et aériens pour limiter cette inégalité. Casser les prix sur le transport, oui, mais pas sur notre destination, nos hôtels, nos restaurants… Cela reviendrait à nous dénaturer. »
Pour l’heure, aucun des professionnels des cafés, hôtels et restaurants que nous avons consulté n’a pris la décision de ne pas ouvrir son établissement cette année. Mais, face aux difficultés qui s’accumulent, plusieurs y ont déjà songé.
Mais beaucoup de saisonniers ont déjà été recrutés, les autorisations d’occupations temporaires ont été délivrées sur les plages et la perspective d’une année blanche serait une pure catastrophe.
Le prolongement du confinement et les perspectives encore floues d’un lent dé-confinement soulèvent la question suivante; y aura-t-il un point de non-retour ? Y aura-t-il une date après laquelle des professionnels du tourisme décident de tirer un trait sur 2020 ?
« Il ne faut surtout pas éteindre la lumière, prévient le président de l’OIT Calvi-Balagne. Il faut que la Corse reste présente même pour une mauvaise saison de seulement deux mois. Si des agences nous gomment de leur catalogue, il sera encore plus difficile de réapparaître. Il faut donc faire l’effort d’être présents; le plus possible et le plus tôt possible. »
Hôtelier bien connu et fin observateur de l’économie du tourisme, Jean-Pierre Pinelli ne cache pas son pessimisme quant à l’actuelle crise. La Villa, son établissement 5 étoiles sur les hauteurs de Calvi, n’ouvrira qu’en demi-teinte, avec du personnel confiné localement. Les mesures de distanciation sociale, que ce soit dans les transports ou dans tous les lieux accueillant du public, pourraient bouleverser le tourisme à long terme.
« Nous sommes en train de vivre un cataclysme, assure-t-il. La planète entière est confinée, c’est tout simplement le premier événement de cette ampleur que nous sommes amenés à connaître. Dans notre économie basée sur les mobilités, le premier problème vient des transports. L’aéroport d’Orly (qui dessert la Corse, ndlr) a fermé ses portes jusqu’à la mi-juin. De toute façon, monteriez-vous dans un avion avec 150 autres personnes en sachant que vous pourriez être contaminé ? Iriez-vous dans un restaurant en sachant que les autres clients ou le personnel sont potentiellement atteints ? La saison touristique va être extrêmement mauvaise en Corse. Le PIB (produit intérieur brut) régional est d’environ 9,5 milliards d’euros. Le tourisme et le transport représentent déjà 3 milliards. La mauvaise saison 2020 pourrait coûter environ 4 milliards à la Corse, et jusqu’à 7 milliards si on anticipe l’effet de cette crise sur les 5 ans à venir. Je ne pense pas que la stabilité économique reviendra avant début 2021.»
« Mais tout dépend aujourd’hui de notre capacité à trouver un traitement, un vaccin, et suffisamment de masques et de tests pour sortir du confinement. »
L’aéroport de Calvi Saint-Catherine n’accueille actuellement que trois rotations hebdomadaires vers Marseille. Les vols vers Paris et Nice sont suspendus. Archive GP
Personne ne saura dire si la crise du coronavirus durera plusieurs mois ou plusieurs années mais une chose est sûre : en Balagne, son impact se ressentira sur le long terme.

JEAN-FRANÇOIS PACELLI

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