La crainte d’une catastrophe annoncée pour le tourisme @CorseMatin

Flou, inquiétude, saison blanche, nouveau modèle, les acteurs du tourisme dans l’île ne savent plus comment faire face à la crise du Covid-19 et au confinement. Fermés depuis début mars, restaurants, établissements de nuit, hôtels et paillotes ne voient pas le bout du tunnel…
Restaurants, cafés, hôtels, resteront fermés après le 11 mai. Dans son discours, Emmanuel Macron a jeté une chape de plomb sur tout un secteur lié au tourisme. Un domaine qui représente 30 % du PIB dans l’île. Si la parole du président de la République n’a pas surpris les professionnels de l’industrie touristique en Corse, ils n’en restent pas moins groggy. Flou, catastrophe, inquiétude, saison blanche, nouveau modèle, les mêmes mots reviennent dans la bouche des différents acteurs. Avec une constante, « l’impression d’être les dindons de la farce, s’emporte Didier Sauli, patron du restaurant »La Marine« à Porto-Vecchio. Le président n’a même pas annoncé une lucarne pour voir à quelle date nous pourrions rouvrir… On ouvre les écoles et on ferme les restaurants. Nous n’arrivons pas à le comprendre. Au-delà des autres professions, les hôtels et les restaurants sont les plus impac-tés. Chez nous, il y a la saisonnali-té à prendre en compte. Il faudrait que l’on nous supprime au moins les charges. » Si son établissement est ouvert à l’année, le restaurateur vit avant tout sur la saison estivale : « Le problème de la Corse n’est pas le même qu’ailleurs. Si nous perdons juillet et août. Même rien que pour une saison, c’est catastrophique. Au mois d’octobre, les tribunaux de commerce vont être débordés. » Malgré toutes ces annonces pessimistes, certains croient encore à une possibilité d’ouverture des établissements dans les prochaines semaines : « Nous continuons à gérer nos annulations au moins jusqu’au 11 mai, explique Santina Ferracci, directrice des hôtels version maquis à Porto-Vecchio. Il y a encore un espoir d’être ouvert pour fin mai début juin pour sauver un peu notre saison. Si on bascule sur juillet, cela risque d’être un peu plus compliqué pour faire vivre une saison. »
Les restaurateurs, quant à eux, restent dans le flou.CHRISTIAN BUFFA

« Bon espoir que tout ça se débloque au mois de juin »

Même optimisme du côté d’un établissement de nuit bien connu des Bastiais : « Nous sommes ouverts toute l’année mais on tourne surtout avec l’été, analyse Pierre-François Chartre, gérant de »l’Alba« .
Je pensais qu’on allait pouvoir rouvrir en même que tout le monde. ou avec un nombre de clients limités. J’ai bon espoir que tout ça se débloque au mois de juin. Sinon la situation risque d’être catastrophique. Mais nous sommes dans le flou… » Une incertitude partagée par l’ensemble du secteur. À la tête de l’hôtel « Les Mouettes » à Ajaccio, Jean-Baptiste Pieri préfère s’attarder sur le cas du trafic aérien et maritime, toujours quasiment à l’arrêt : « Quid de la reprise du trafic aérien et maritime ? C’est la seule échappatoire à cette crise. Nous avons zéro visibilité sur ce sujet. Parce que nous pourrions ouvrir les établissements, mais sans clients… Malheureusement la population locale est insuffisante pour remplir les hôtels et restaurants. » Face à cette problématique inédite, l’hôtelier envisage des mesures radicales : « Comme beaucoup d’établissements, nous envisageons de rester fermés jusqu’en 2021. C’est une année noire ou plutôt rouge en terme bancaire. Si l’autorisation d’ouvrir est prévue pour mi-juillet, les établissements ne pourront pas être prêts avant début août. Dans ce cas-là, il faut calculer la pertinence de faire la saison. »
Le volet aérien demeure indispensable pour l’activité touristique.
CHRISTIAN BUFFA

« La région française la plus impactée économiquement »

Toutes ces équations, Bernard Giudiccelli, président de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière de Corse (Umih), les posent avec l’ensemble des acteurs. Avec une analyse des choses encore plus poussée : « Pour le moment, nous avons seulement les mots du président sur l’exonération des charges. J’attends la publication des décrets qui risquent d’être différents. Il faut distinguer le calendrier du »déconfinement« et le calendrier touristique. Mais aussi le calendrier des transports. En Corse, ce dernier point est vital. Qui se déplacera dans l’île et avec quels moyens ? » Le patron de l’industrie hôtelière dessine alors plusieurs scénarios : « Dans le meilleur des cas, il pourrait y avoir un début d’activité très léger au mois de juillet. Avant, cela risque d’être impossible. Le plus pessimiste des scénarios va vers l’année blanche. Nous travaillons activement pour essayer d’élaborer des mesures plus fortes adaptées à notre secteur. L’hyper saisonnalité fait que la Corse sera probablement la région française la plus impactée économiquement. » Sandra Gaggioli co-associée de la paillote, « La plage d’argent » située à Pietrosella en fait aussi l’amère expérience : « Nous allons être les derniers à pouvoir ouvrir. Je ne vous cache pas que j’ai pris une grosse claque. L’avenir est incertain, plus que sombre. Et il y a la crainte d’une catastrophe annoncée. C’est l’horreur. » Et les perspectives s’annoncent mauvaises : « L’école va reprendre, les Français vont travailler plus. Les personnes âgées vont être confinées. Qui il nous reste comme clientèle ? Les locaux sont déjà étranglés par plusieurs facteurs. Est-ce qu’ils vont vouloir aller au restaurant en portant un masque ? »

Vers un modèle touristique plus raisonné ?

Un constat implacable qui laisse aussi de la place pour les esquisses d’un autre modèle touristique : « Il faudra changer, prévient Bernard Giudicelli. L’hyper concentration dans le temps et l’espace n’est pas compatible avec le virus. C’est le moyen d’allier le social, l’environnemental et l’économique avec des modèles plus raisonnés. À moyen terme, à l’automne, nous pourrions proposer des séjours qui seraient basés sur le bien-être, la détente et la décompression. Mais l’hypersaisonnalité ne permettra pas à tout le monde d’attendre jusque-là. » Didier Sauli, lui, préfère s’attarder sur le présent avec un regard furtif sur l’avenir :
« Le futur ? je ne sais pas. La priorité c’est la sécurité des employés et clients. Mais c’est sûr que la vie sera différente de celle qu’on a connue… »

ANTOINE GIANNINI

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