Pour Gilles Simeoni, il faut « modifier le décret et mettre en œuvre dès le mois de juin, un dispositif conciliant sécurisation sanitaire et réussite de la saison touristique ».ANGÈLE CHAVAZAS |
En désaccord avec le décret du gouvernement qui « interdit purement et simplement la venue de tout touriste en Corse par voie aérienne du 2 au 23 juin », le Conseil exécutif demande la tenue d’une réunion d’urgence dès le début de semaine en présence des ministres concernés
Le décret n° 2020-663 du Premier ministre en date du 31 mai 2020 interdit, en son article 10, les déplacements de personnes par transport public aérien au départ du territoire continental de la France à destination des collectivités d’Outre-Mer et de la Corse, ou au départ de ces collectivités à destination du territoire continental de la France, sauf lorsqu’ils sont fondés sur un motif de santé relevant de l’urgence, ou un motif professionnel.
Pour le président de l’Exécutif de Corse, Gilles Simeoni, cette décision du gouvernement « interdit donc, sur le principe, la venue de tout touriste par la voie aérienne en Corse pour la période allant du 2 au 23 juin, et confère par ailleurs au préfet de Corse un large pouvoir pour réguler les transports maritimes pendant ladite période ».
« Pas stabilisée »
Ce décret appelle de la part du Conseil exécutif de Corse trois remarques précises. En continuant à restreindre les flux de voyageurs vers la Corse et l’outre-Mer, le gouvernement confirme selon le président « que la situation sanitaire actuelle, pour les trois semaines à venir au moins, n’est pas suffisamment stabilisée pour revenir à un principe de liberté totale. L’analyse faite sur ce point précis par la Collectivité de Corse, notamment en se basant sur l’avis du Comité scientifique indépendant institué par le président du Conseil exécutif de Corse, se voit donc confirmée ». Cette décision n’a d’autre effet que « d’interdire purement et simplement pour la période du 2 au 23 juin, la venue des touristes et des Corses de la diaspora désireux de venir séjourner en Corse pour ce mois ».
Réunion d’urgence et concertation élargie
Le Conseil exécutif exprime son désaccord total avec cette approche, il réaffirme que la solution est de mettre en œuvre un dispositif permettant de sécuriser les flux de population au plan sanitaire pendant la période estivale tout en garantissant l’attractivité touristique de la Corse.
« Ce dispositif doit être défini en concertation avec toutes les parties, ajoute-t-il, et être susceptible d’adaptation en cas d’évolution de la situation épidémiologique. »
Le Conseil exécutif demande donc une réunion d’urgence dès le début de semaine en présence des ministres concernés (ministre de l’intérieur, ministre des solidarités et de la santé, ministre de l’Économie et des Finances et secrétaire d’État en charge de la question touristique), ainsi que l’ouverture d’une concertation élargie associant les chambres consulaires et les acteurs insulaires de la santé, de l’économie et du tourisme.
« Les objectifs de cette réunion et de cette concertation doivent être la modification du décret du 31 mai 2020, précise enfin Gilles Siméoni, la définition et la mise en œuvre dès le mois de juin, du dispositif conciliant sécurisation sanitaire et réussite de la saison touristique. »