Scontri di a Muntagna : une édition sous le signe de la surfréquentation des sites et de la filière bois @CorseNet Info

Après Quenza, Bucugnà, Niolu, et Chisà, c’est au tour de Montegrossu en Balagne d’accueillir la 5ème édition des Assises de la Montagne, ces 10 et 11 février, en présence notamment de Jeanine Dubié, présidente de l’Association nationale des Élus de Montagne. Organisés chaque année par la Collectivité de Corse, ces Scontri réunissent une centaine d’adhérents, élus de montagne et représentants des filières agricoles et de pleine nature, afin de travailler sur les différentes problématiques qui touchent les territoires ruraux de l’intérieur. Au programme : la sur-fréquentation touristique, le développement de la filière bois-forêt, la création d’une banque de semences et l’autonomie alimentaire. Explication pour Corse Net Infos de Jean-Félix Acquaviva, président délégué du Comité de Massif et député de la circonscription de Corte-Balagne.

– Quel est l’objet de cette 5ème édition ? 

– Cette cinquième édition permet d’installer les Assises de la Montagne de manière annuelle car, depuis 2016, nous avons la volonté de faire des assises récurrentes. Elle permet aussi de dresser un bilan d’étape à travers des thèmes choisis qui nécessitent des impulsions fortes. Nous avons mis en place des Commissions pour réfléchir et travailler tout au long de l’année en coordination avec les agences et offices afin de faire émerger des actions et des recommandations pratiques. C’est le cas cette année avec trois thèmes bien précis :  l’autonomie alimentaire, la gestion des sites sur- et hyper-fréquentés, la filière Bois et Massifs forestiers. 

  

– La filière bois-forêt est au cœur de l’actualité. Quels sont les projets que vous allez développer ? 

– Plusieurs questions seront débattues. D’abord, l’accès au massif forestier par des pistes pour permettre l’accès à la ressource, mais aussi la mise en valeur touristique, à croiser avec la gestion des estives pastorales. Ensuite, la création des outils de production de première transformation, comme les unités de scierie, soit sous maîtrise d’ouvrage privé, soit en partenariat public-privé avec la Collectivité de Corse. Des implantations qu’il faudra localiser. S’y ajoute la question des plans de formations. On ne peut pas parler de reconstruire une filière bois sans plan de formation et sans programme de sensibilisation et d’éducation. Egalement le développement du bois énergie avec le renforcement du rôle de la SEM Corse Bois Énergie, mais aussi la mise en place de réseaux de chaleur dans des territoires pilotes, c’est très important. Enfin, il y a les autres métiers du bois. L’artisanat, en collaboration notamment avec la manufacture et le Fablab de Corti pour créer un essaimage de création d’artisanat du bois. Tous ces thèmes nécessiteront évidemment des partenariats avec le Collectif Furesta Corsa, les communes forestières pour le sauvetage de la forêt, mais aussi les propriétaires privés et publics, le CRPF, l’ONF, la Collectivité de Corse… L’objectif est de définir des orientations fortes, de trouver des soutiens financiers, mais aussi de tracer un cheminement. Quand on reconstruit, il faut se fixer des étapes à atteindre avant d’arriver au sommet. C’est l’idée du travail d’aujourd’hui. 

– Avez-vous fixé un calendrier ? 
– Oui, un calendrier prévisionnel sur cinq ans.  Nous allons travailler jusqu’en juillet 2022 et nous livrerons une conclusion lors des Assises de la Forêt et du Bois qui se tiendront à ce moment-là. Nous pourrons, alors, entrer dans une nouvelle ère de mobilisation qui sera l’ère de la réalisation. J’ajoute, que dans les thèmes abordés, nous parlerons aussi du rôle important de la Collectivité de Corse et des communes au niveau de la commande publique et des débouchés pour le bâtiment. A l’heure du changement climatique, l’isolation et la construction de bâtiments en bois sur le domaine public, mais aussi privé, ont un rôle crucial. Tout ça avec une logique de certification du bois corse, portée par l’ODARC, qui permettra d’imposer le bois corse dans les cahiers des charges de la commande publique. C’est l’ensemble de ce travail qui va être mis en musique et en cheminement pendant ces Scontri pour montrer qu’on peut créer des emplois durables dans les territoires de montagne en Corse. 

  

– La forêt peut-elle être un support de développement des territoires de montagne ? 

– Évidemment ! La filière forestière créera des emplois durables dans tous les territoires. En première et en seconde transformation. C’est un enjeu de société ! D’où la nécessité de sensibiliser, y compris dans les écoles, toute la population corse et tous les Corses à l’idée que le bois peut être un secteur de débouchés sur différents niveaux pour la jeunesse de demain.  

  

– Concernant la gestion de la surfréquentation touristique de certains sites, quelles solutions comptez-vous mettre en place ? 

– L’Office de l’Environnement et l’Agence du Tourisme de la Corse ont fait un état des lieux avant de réfléchir aux moyens de mieux gérer l’étalement de la sur-fréquentation. Différentes problématiques ont été abordées : Qu’entendons nous par sur-fréquentation et hyper-fréquentation ? Quelle est la capacité réglementaire de l’Office de l’Environnement sur les sites qu’il gère ? Mais aussi la capacité des communes d’agir en réglementation sur leurs sites. Ou encore l’intervention du préfet sur les territoires qui font plus d’une commune. Nous avons parlé des sites pilotes qui sont très fréquentés, les chiffres du Parc Naturel Régional de la Corse nous permettant de définir le type de sites par lequel nous allons commencer à travailler. Définir également une feuille de route d’actions d’aménagements en matière de parkings, déchets et moyens humain afin de contrôler ces évaluations. Mais il faut aussi commencer à irriguer, gérer et bifurquer sur des sites qui seront à mettre en tourisme pour en désengorger d’autres. 

  

– Lors du débat sur l’autonomie alimentaire, vous avez dévoilé un projet de banque de semences. De quoi s’agit-il ? 

– La marque Corsica Grana a été créée pour certifier les plantes et les semences produites en Corse à partir de végétaux issus de populations insulaires sauvages, ce qui nous permet d’assurer une certaine traçabilité.  

Elle s’inscrit dans une volonté de valorisation, de réappropriation et d’utilisation de la flore insulaire et vise à préserver notre patrimoine végétal. De plus, nous pourrons maîtriser le coût de développement des filières entre la banque territoriale, les artisans semenciers, les pépinières et les agriculteurs. Cela permet aussi de responsabiliser les acteurs économiques afin de faire en sorte, en temps de crise par exemple, que chacun puisse accéder à des produits de qualité, sans surcoût lié à l’insularité. Cette banque de semences permet également de transmettre aux jeunes générations les méthodes scientifiques et méthodologiques de recensement, d’études de terrain et les traditions liées à la culture des semences endémiques. 

  

– Qu’est-ce que le projet alimentaire territorial du Fium’Orbu ? 

 – C’est un plan d’action soutenu par la ComCom du Fium’Orbu avec l’aide de l’État et de la Collectivité de Corse qui travaille en lien avec le Comité de Massif et l’ODARC. La commune de Prunelli di Fiumorbu désire s’engager dans un projet visant à augmenter son autonomie alimentaire tout en structurant son plan dans le cadre des impératifs de développement durable. Ce projet a pour but de développer l’agriculture sur son territoire par la mise en place de la permaculture des jardins, de la logique maraîchère ou fruitière, selon la capacité des terrains. Il s’agit d’alimenter la restauration collective, notamment les cantines scolaires et les EHPAD de la ComCom. Je rappelle que l’autonomie alimentaire est un projet porté par l’ODARC, en collaboration avec le Comité de Massif et les autres acteurs, avec une feuille de route politique globale et un objectif très fort. Celui de rentrer dans une démonstration opérationnelle avec des opérations pilotes. L’idée est que les agences et offices et le Comité du Massif fassent du clé en main en termes d’accompagnements financiers et techniques pour notamment l’installation ou la diversification d’agriculteurs. Un objectif, à la fois, d’augmentation de productions sur le maraîcher et le fruitier, mais aussi sur la semence, pour arriver à avoir, non seulement une augmentation, mais aussi une qualité des productions pour viser l’autonomie alimentaire. 

 Maria-Serena Volpei-Aliotti le Jeudi 10 Février 2022 à 17:53


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