0558b241-3085-4b10-9e0b-7eed194ffb6f

Meublés de tourisme la CdC va prendre la main

@CorseMatin

Polémique autour d’Airbnb – avec des propositions à venir -, choix promotionnels contestés, poids du secteur dans l’économie, la présidente de l’Agence du tourisme, Angèle Bastiani, sur le gril depuis des mois, maintient ses arbitrages

Clap de fin sur une saison marquée par le vent de fronde des socioprofessionnels, une fréquentation en berne, Olivia Grégoire parlant même de « couac » en Corse. Votre part de responsabilité ?

Aucune. A fortiori parce que je ne réfléchis pas en saison mais en année touristique. Le tourisme n’est pas une a!aire d’été. La Corse a accueilli un nombre stable de visiteurs en 2023 avec, au 30 septembre, un peu plus de 7 millions de personnes ayant transité par les ports et aéroports de l’île. À la clé, un delta de 30 000 passagers par rapport à 2022, autant dire que l’écart est minime.

Ces alertes persistantes d’une île boudée par les touristes, confirmées par le gouvernement, tout cela n’était donc qu’un leurre ?

La ministre, Olivia Grégoire, a communiqué au coeur de l’été (fin septembre, ndlr). Aujourd’hui, les situations se sont équilibrées. Nous avons eu, je ne le nie pas, des retours de professionnels s’alarmant d’une chute de leurs réservations et de leur chi!re d’a!aires cet été. Après analyse, entre 3 et 10 % de baisse selon les types d’hébergement et les di!érents territoires. L’exécutif en a conscience. Nous avons échangé avec les acteurs du secteur pour travailler sur le décalage entre le nombre de passagers, quasi identique d’une année sur l’autre, tandis que les trésoreries accusent un manque à gagner. Il n’empêche, les socioprofessionnels ne forment pas un bloc uniforme. D’aucuns ont réussi leur saison, d’autres se sont plaints, certains critiquent notre politique, il en est aussi qui l’approuvent.

Pour expliquer la désaffection, divers facteurs ont été pointés, la chaleur, mais aussi la flambée des prix. Les tarifs pratiqués en Corse sont-ils trop élevés ?

La tarification est propre à chaque socioprofessionnel. Il faut tenir compte des particularités insulaires, et peut-être appeler les établissements à des ouvertures plus longues. Le premier échelon, c’est celui des surcoûts liés à l’insularité. Lorsque le nombre de passagers stagne en 2023 et que la demande semble avoir diminué notamment dans l’hébergement classique et la restauration, il y a un contexte économique à reconsidérer. Néanmoins, il faut arrêter de dire que la Corse est trop chère, cela dépend de l’usage que l’on fait de l’activité touristique, avec également des vacanciers qui ne se comportent plus comme il y a vingt ans. Quant à l’Agence du tourisme, elle n’a pas la possibilité d’influer sur les prix.

La ministre déléguée au Tourisme insiste, relevant des défauts dans la communication. « Entre ceux qui disent qu’il y a trop de monde et ceux, cet été à 34°C en Corse, qui vous parlent de canicule mortelle (…), tout cela n’a pas aidé ». Comment redresser la barre ?

En misant sur la politique de déconcentration – de provenance, temporelle, géographique – que nous prônons, avec l’ensemble des partenaires concernés. En ciblant notre clientèle. En axant sur la création d’espaces de promotion permanente de la Corse hors de France. Et avec, je l’assume, une ligne stratégique que nous maintiendrons pour valoriser la destination à l’année sous toutes ses facettes et auprès de l’ensemble des publics européens. Il faut attirer davantage d’étrangers. Les Français, eux, viennent tout seuls.

« La Corse fait l’objet d’une mise en valeur permanente de la part des entreprises privées, transporteurs, hébergeurs, blogueurs, médias, sur les mois de juillet et août. Nous ne souffrons pas de déficit de notoriété »

Des années que l’on entend ce refrain…

Nous sommes allés plus loin avec des choix budgétaires plus ambitieux.

Définitivement remisée, la campagne de juillet-août ?

La Corse fait l’objet d’une mise en valeur permanente de la part des entreprises privées, transporteurs, hébergeurs, blogueurs, médias, sur les mois de juillet et août. Nous ne sou!rons pas de déficit de notoriété. Notre rôle, dès lors, n’est pas de saturer d’eau une tasse déjà pleine.

Les bassins émetteurs ciblés ?

L’Italie, en partenariat avec le maritime et l’aérien, des vols vont s’ouvrir d’avril à octobre tandis que nous étions sur un créneau juillet-août. La Suisse, la Belgique, l’Allemagne, marchés prioritaires avec l’Autriche, et encore l’Espagne, le Royaume-Uni, ainsi que des marchés tests, ceux de Scandinavie.

Dans l’île, 10 %, au moins, de la clientèle, s’est détournée de l’hôtellerie classique pour le locatif. Que faire pour endiguer le phénomène ?

C’est une question de fond qui dépasse les frontières de l’île. Nous devons trouver un équilibre entre les Corses qui louent un bien quelques semaines par an pour améliorer leur pouvoir d’achat et des logiques spéculatives qui ont un impact terrible sur le foncier et l’accès au logement pour les populations locales. Un rapport sera soumis à l’Assemblée de Corse avant la fin de l’année, propositions concrètes à la clé. Notamment la territorialisation de la compétence de contrôle sur les meublés de tourisme qui sera transférée des communes à la Collectivité, et devra être intégrée aux négociations avec l’État.

Le poids du secteur touristique n’est-il pas, paradoxalement, en train de devenir un frein pour le développement économique de l’île ?

Le tourisme – 3,5 milliards d’euros de dépenses sur l’année – doit être un levier pour d’autres activités : agriculture, transports, industrie, production, artisanat. Il n’est pas un frein ou l’a!aire de quelques-uns, mais a vocation à produire des effets et des bienfaits selon la notion de ruissellement. L’ATC dispose de l’avant-dernier budget de France pour la promotion. Alors que l’on parle d’une autonomie à inventer, peut-on imaginer un tourisme sans marge de manoeuvre ? Nous gérons un budget général de 17 M€, dont 5 M€ pour le volet promotionnel, et 7 M€ dédiés au soutien des acteurs touristiques, ce qui nous a permis d’aider 143 entreprises cette année, en réinjectant dans l’économie entre 15 et 18 M€. Nous accompagnons le tourisme rural, les démarches écologiques que nous finançons intégralement. Mais nous dépendons également des arbitrages de la Collectivité de Corse.

Air France s’apprête à quitter le hub Paris-Orly, à l’exception, assure-t-elle, des liaisons vers la Corse, vous lui faites confiance ?

J’espère qu’elle tiendra sa promesse. C’est une compagnie qui a fait ses preuves, notamment dans le cadre de la DSP. Plus largement, faut-il revoir le rôle des transports en matière de desserte ? Une surenchère concurrentielle s’exprime tant dans l’aérien que dans le maritime. C’est également un bon point car nous devons jouer avec l’intérêt des compagnies pour la Corse, le but étant de les inciter à ouvrir des lignes, mais aussi à consolider des liaisons existantes, le tout en dehors des deux mois d’été.

La pression des low cost ?

Le marché est féroce, c’est une réalité. Air Corsica, qui reste notre compagnie privilégiée, doit relever les mêmes enjeux que le tourisme, autrement dit bâtir un nouveau modèle.

PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE-C. CHABANON

Partager cet article

À lire également

4ème Édition des Ateliers du Tourisme Durable : le Programme 

L’Office de Tourisme de Portivechju vous donne rendez-vous le 27 novembre au Spaziu Jean-Paul de Rocca Serra pour une journée d’échanges sur le tourisme de sens. Découvrez comment l’hospitalité, la valorisation des paysages et l’évolution de l’image de notre destination peuvent façonner un tourisme plus respectueux et authentique.

Marketing
& communication

Edition de documents touristiques, réseaux sociaux, newsletters, campagnes de marketing internet, relations presse : autant d’activités fondamentales dans lesquelles Porto-Vecchio Tourisme  a développé une expertise au service de ses partenaires et du territoire.

Presse

Bienvenue dans notre Espace presse. Vous trouverez tous les articles de presse, les actus de l’Office de Tourisme Intercommunal de Porto-Vecchio ainsi que notre photothèque…

Accompagnement
& conseil

Vous souhaitez en savoir plus sur la classement des hébergements pour valoriser votre offre ? Developper votre activité en devenant partenaire de l’Office de Tourisme Intercommunal de Porto-Vecchio ?

Nous pouvons vous accompagner et vous informer sur toutes les démarches.

Nos
engagements

Notre stratégie de développement durable s’articule autour d’enjeux et d’actions visant à faire de Porto-Vecchio et sa région un territoire responsable et engagé.  Notre démarche doit intégrer, de manière raisonnée, les impacts négatifs du tourisme (les émissions GES, l’accès aux activités touristiques pour tous, etc.) sur les ressources naturelles et les écosystèmes

Qui
sommes-nous ?

L’équipe de Porto-Vecchio Tourisme est dédiée à la valorisation du territoire et de ses socio-professionnels. Venez découvrir nos missions, nos valeurs, nos actions et stratégies !