Si le tourisme mondial a fortement été impacté par la crise sanitaire, les périodes de confinement ont été l’occasion pour de nombreux professionnels de se questionner sur les pratiques et modalités structurantes du tourisme. Comment concilier respect de l’environnement et développement de l’industrie touristique, à l’échelle nationale comme internationale ?
Du côté des voyageurs, l’appétence pour le tourisme durable n’a jamais été aussi forte. Deux tiers des Français (63%) se sentent concernés par la notion de tourisme durable et les jeunes présentent la plus forte sensibilité. L’attrait pour le « slow travel », la découverte des patrimoines locaux ou l’intérêt pour les expériences où l’on se rapproche de la nature se fait de plus en plus fort. Comment s’assurer que les voyages du monde de demain contribuent aux équilibres économiques et sociaux tout en privilégiant une approche respectueuse de l’environnement ?
Atout France, l’Agence de développement touristique de la France, s’est posé la question dans sa dernière étude « Horizons 2040 : construire ensemble les tourismes de demain » (2023). Ce travail de prospective, appuyé par des experts du cabinet OnePoint, met en lumière quatre scénarios permettant d’entrevoir l’évolution du tourisme. Deux d’entre eux font la part belle à l’environnement et montrent deux directions opposées que nous pourrions prendre pour, enfin, concilier durablement la protection de la biodiversité et celle de notre droit à voyager. Découverte.
« Village mondialisé », la réussite d’un modèle durable international
Ne parlez plus de mondialisation mais de village mondialisé. En analysant 32 facteurs de changement identifiés répartis en cinq thèmes principaux (climat et ressources, géopolitique, économie et société, technologie, humain) et en menant de nombreux entretiens, Atout France a pu mettre en forme ce scénario où « la révolution verte a enfin eu lieu ».
Dans ce scénario, l’accès à une nature préservée est un droit universel et les différentes organisations internationales – mais aussi les entreprises – sont parvenues à mettre en commun un bouquet de solutions face à l’urgence climatique. Les innovations de rupture sont en effet au cœur des éléments déclencheurs qui permettraient l’aboutissement de ce scénario, notamment en matière de mobilité et d’énergie (biocarburants, hydrogène, captage du CO2 ou fusion nucléaire, par exemple).
En parallèle, un village mondialisé où les voyageurs n’auraient plus à culpabiliser de se déplacer à l’international régulièrement sous-entend la généralisation ou la maîtrise d’actions de protection de l’environnement, notamment dans le secteur touristique. Voyager souvent et loin oui,mais avec des règles permettant de protéger cette sorte de pacte vert entre acteurs et particuliers. Cela pourrait passer par des durées de visite limitées, des quotas sur le nombre de voyageurs, voire l’interdiction de visites de certains sites fragilisés.
Le scénario du village mondialisé serait donc bien celui de la généralisation d’une offre de tourisme vert et démocratisé. Ce qui n’irait pas sans contraintes.
« Territoires communautaires », un tourisme à l’échelle régionale
Et si, contrairement au précédent scénario, les dirigeants mondiaux n’avaient pas réussi à imposer une gouvernance globale en matière d’environnement, forçant les communautés à se refermer sur elles-mêmes pour préserver leur région ?
Cela pourrait faire émerger des « Territoires communautaires », l’une des perspectives envisagées pour le tourisme en 2040 dans l’étude réalisée par Atout France. Incapables de mettre des solutions en commun, nous aurions « tourné le dos à la mondialisation, lui préférant la proximité de nos régions », note l’étude. Cette incapacité à trouver des solutions aurait entraîné une raréfaction des ressources, qui aurait elle-même encouragé les communautés régionales à bâtir ensemble leurs systèmes d’entraides et de solidarité, tant au niveau de la gouvernance que de la production alimentaire, manufacturière ou concernant les besoins en énergie.
Les éléments déclencheurs de ce scénario seraient ainsi les tensions géopolitiques et la chute des exportations et importations. Tandis que les conséquences seraient la démocratisation de solutions individuelles de production et de stockage d’énergie, mais aussi le développement de micro-usines, la généralisation des circuits courts et des modes d’innovation frugaux et low-tech. Au niveau touristique, ce scénario laisserait la priorité à un tourisme local, où les séjours de micro-aventures respectueux de l’environnement – comme le cyclotourisme – seraient devenus la norme. Le tourisme durable et équitable serait alors privilégié dans une aire géographique restreinte.
Deux scénarios qui s’opposent mais dont la finalité n’est finalement pas si éloignée : celle d’un tourisme où l’environnement aurait pris une place prépondérante dans les usages et préoccupations aux côtés des préoccupations économiques et sociétales.
Retrouvez la synthèse du de « Horizons 2040 : construire ensemble les tourismes de demain » gratuitement en ligne.
ATOUT FRANCE