De plus en plus de protestations en Corse, sur le continent, et dans de nombreuses villes européennes contre les meublés de tourisme. Face à une législation qui se resserre, les propriétaires de ces logements type Airbnb contre-attaquent. C’est l’objet de notre Grand Angle ce mardi 24 septembre.
Loyers qui augmentent, incivilités, professionnels de l’hôtellerie qui jugent la concurrence déloyale, etc. Dans de nombreuses villes, les meublés de tourisme crispent de plus en plus les habitants. Certaines municipalités décident d’y mettre fin, totalement ou partiellement. Mais les propriétaires de ces logements de type Airbnb contre-attaquent, comme c’est le cas à Barcelone.
Ce tour d’horizon démarre au conseil municipal d’Ajaccio, en février dernier. L’opposition réclame de “réglementer au plus vite”. “8% du parc total, privé et public, est réservé à des locations de petite durée. Quand on parle des petites surfaces, studio et T1, on grimpe à 26%. Et quand on parle du parc privé, c’est 25%!”, rappelait l’élu d’opposition Jean François Casalta. Parmi ses propositions pour réguler le phénomène : la compensation. “Si vous avez une résidence secondaire, que vous louez en Airbnb, il faut compenser par un autre bien, de la même surface, loué à l’année”, détaille-t-il, précisant que cela ne pourrait être mis en place qu’à partir de la seconde résidence secondaire.
“Du beurre dans les épinards”
Pour le maire d’Ajaccio, le sujet est “complexe”. Stéphane Sbraggia a notamment rappelé qu’il fallait “avoir une approche fine” des différents cas. “Il y a des gens qui ont des biens, acquis après de longues années au prix de sacrifices, qui partent au village l’été pour le sous-louer et avoir des compléments de rémunération. La loi parfaite, générale, peut parfois générer d’autres difficultés”, arguait-il, en précisant attendre les décisions prises à l’échelle nationale.
Si l’avis des propriétaires est difficile à recueillir, certains acceptent parfois de répondre aux interviews. Faisant référence à la proposition de loi de députés, qui comprenait notamment d’abaisser le nombre de nuitées annuelles à 90 nuits ; un loueur de Corse du Sud juge la mesure superflue : “90 nuitées ça fait 3 mois, soit juin-juillet-août ! Je ne vois pas en quoi cela va limiter le nombre de Airbnb !”. Le jeune homme estime, lui aussi, que la réglementation doit s’adapter aux différentes situations et aux différents types de logement. “Ça met du beurre dans les épinards et ça permet peut-être aux familles corses de garder leurs résidences secondaires plutôt que les vendre à d’autres personnes”.
Barcelone : interdiction totale
À Barcelone, ces questions d’adaptation ne se posent plus : la mairie socialiste a décidé d’interdire les meublés touristiques d’ici cinq ans. Pour ce faire, les près de 10.000 licences jusque-là accordées vont toutes être retoquées. Mais de nombreux recours ont déjà été formulés par les propriétaires, réunis autour de l’Association des Appartements Touristiques de Barcelone. “C’est, une mauvaise solution pour un gros problème !”, s’agace Marian Muro, l’une de ses porte-parole. “Le vrai problème, c’est qu’ils ne construisent pas de résidences publiques. Il n’y en a qu’1 ou 2% ! Leur mesure est populiste et ne va pas régler le problème des prix et de l’accès au logement !”. Une bataille judiciaire qui ne fait que commencer, alors que les demandes d’indemnisations s’élèveraient déjà à 1 milliard d’euros.