- Alain Freytet : Définition et approche paysagère

Alain Freytet, paysagiste-conseil du Réseau des Grands Sites de France, a proposé une réflexion sensible et engagée sur la « Définition et approche paysagère ». Il a rappelé qu’un paysage est avant tout une émotion, un regard porté sur un lieu où les éléments s’agencent et s’animent à travers nos sens. Se promener sur un Grand Site de France, c’est vivre une expérience immersive, rencontrer habitants et visiteurs dans un cadre d’exception qui doit tenir ses promesses.
Cependant, ces sites sont confrontés aux défis de la fréquentation croissante, de la dégradation des écosystèmes et parfois au rejet des habitants face à une transformation qu’ils ne maîtrisent pas. Préserver leur beauté et leur attractivité nécessite une approche à l’écoute du lieu et de ceux qui le font vivre. Cela implique une réflexion collective, intégrant élus, habitants et experts, pour que chaque projet d’aménagement soit le fruit d’une reconnaissance partagée.
Loin d’un développement standardisé, Alain Freytet a insisté sur des aménagements discrets et respectueux, qui s’appuient sur l’histoire et les savoir-faire locaux. Un aménagement réussi est celui qui se fond dans le paysage, favorisant la sobriété pour laisser place à l’émotion et à l’authenticité du site. Une approche essentielle pour garantir la transmission de ces lieux d’exception aux générations futures.
- Antoine Orsini : Les paysages du Grand Site : d’une politique de protection à une volonté de valorisation

Antoine Orsini a présenté son intervention intitulée « Les paysages du Grand Site : d’une politique de protection à une volonté de valorisation », soulignant l’évolution du rôle des Grands Sites de France. Si leur mission première reste la protection des paysages, elle s’accompagne aujourd’hui d’enjeux de réhabilitation, de gestion de l’accueil, et de création de retombées économiques locales, tout en veillant à transmettre l’esprit des lieux.
L’enjeu majeur réside dans l’équilibre entre préservation et valorisation touristique : comment faire du paysage une ressource sans compromettre son authenticité ? L’exemple du Grand Site de Conca d’Oru illustre cette démarche à travers deux outils clés : une charte paysagère, architecturale et environnementale, co-construite avec les acteurs locaux, et un plan de déplacement doux, plaçant le visiteur au cœur d’une expérience immersive et respectueuse.
Un Grand Site de France, c’est avant tout une recherche de compromis, un aménagement discret qui ne dénature pas le lieu, et une transition du visiteur de consommateur d’image à contemplateur de paysage. Car préserver un site, c’est avant tout préserver les sensations qu’il procure, pour que chaque découverte soit une expérience unique et intime.
- Vincent Guichard : Comment faire du tourisme la composante d’un projet intégré de territoire, en s’appuyant sur son histoire et son paysage ?

M. Guichard a rappelé que l’attractivité touristique de la Corse repose avant tout sur la préservation de ses paysages, un atout qu’il est essentiel de protéger et de valoriser. À travers l’exemple du site de Bibracte, dont il est directeur général, il a illustré l’importance d’intégrer l’histoire d’un lieu dans son aménagement touristique.
Autrefois, des aménagements peu réfléchis ont parfois altéré l’essence des sites. Aujourd’hui, une approche plus approfondie permet de respecter la manière dont les lieux étaient utilisés, afin de révéler toute leur richesse et de les rendre attractifs. L’histoire devient ainsi un levier fondamental pour structurer les récits de destination et concevoir des projets qui conjuguent conservation et valorisation économique.
L’enjeu majeur réside dans une démarche collective, comme l’illustre Bibracte, où douze communes ont uni leurs forces pour allier objectifs communs et intérêts locaux. Appliquée à la Corse, cette vision rappelle l’importance de penser ensemble l’évolution du paysage, afin de ne pas la subir mais de l’accompagner intelligemment, sur les Grands Sites de France et autres sites patrimoniaux et naturels.

