« Nous avons des touristes, mais pas de tourisme », le constat établi par Dumenica Verdoni, 4e adjointe de Porto-Vecchio, était sans appel lors des Ateliers du Tourisme Durable organisés dans la ville le lundi 28 novembre. La destination, qui attire de nombreux vacanciers désireux de découvrir ses plages paradisiaques (Santa Giulia et Palombaggia notamment), subit l’afflux de touristes depuis les années 60-70, sans réelle politique touristique publique.
Une situation que le maire de Porto-Vecchio élu depuis deux ans, Jean-Christophe Angelini, veut changer : « Nous devons repenser notre stratégie touristique. Le tourisme n’est pas une maladie honteuse. Il est essentiel sur le plan économique et social. Mais nous le voulons plus durable et maîtrisé ». 35% de la totalité des personnes qui voyagent en Corse passent par Porto-Vecchio aujourd’hui, soit près d’un million de touristes.
Des touristes qui affluent principalement l’été et qui saturent certains lieux naturels, comme les plages ou le site montagneux de Bavella, et qui poussent la mairie de Porto-Vecchio à réfléchir à la mise en place de quotas. « C’est déjà le cas dans les îles Lavezzi dans les Bouches de Bonifacio qui ont annoncé vouloir limiter l’accès à 2 000 visiteurs. Mais la question des ressources se posent. Car aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de contrôle pour comptabiliser les visiteurs », explique Santina Ferracci, Conseillère municipale en charge du tourisme de Porto-Vecchio.
Des dispositifs et une nouvelle offre touristique pour réduire la surfréquentation
Pour limiter la surfréquentation de certains lieux, l’office de tourisme intercommunal de Porto-Vecchio a également adopté le démarketing il y a un an. Dans le tourisme, ce concept consiste à montrer des images de certains lieux lorsqu’ils sont surfréquentés afin de dissuader le public de s’y rendre durant les périodes critiques (l’été principalement) ou à adopter une stratégie du silence. Pour la destination corse, ce sont des images des plages bondées l’été qui sont diffusées.
La volonté de la ville est aussi de lisser les flux touristiques sur toute l’année. Pour cela, elle est en train de repenser son offre touristique en développant notamment des parcours pédestres et adaptés à la mobilité douce, mais aussi en mettant en lumière son artisanat et sa gastronomie. Elle aimerait également exploiter différemment ses marais salants, mais est confrontée à un problème récurrent dans la région : le site est une propriété privée sur lequel la mairie n’a pas de pouvoir, à moins que celui-ci ne devienne classé.
Devenir un modèle pour le reste de l’île
Avec sa deuxième édition des Ateliers du Tourisme Durable, la ville de Porto-Vecchio a voulu prolonger les discussions autour de la mise en place d’un tourisme « plus vertueux et plus acceptable sur le plan social et environnemental », d’après les termes de Santina Ferraci. Pour le maire de la ville, ce rendez-vous qui aura une troisième édition l’an prochain « veut être pionnier dans ce que la Corse peut dire et faire ». Il est conscient que « le pari est ambitieux », mais veut aider l’île à « être un modèle d’un tourisme ancré dans les problématiques de son temps d’ici 2030-2040 ».
Jean-Christophe Angelini, Porto Vecchio, Santina Ferracci, tourisme durable
Article à lire sur https://www.tom.travel par Julia Luczak-Rougeaux @TOM.travel