La saison estivale est contrastée sur l’ile : les touristes sont aussi nombreux qu’avant la crise sanitaire mais leur pouvoir d’achat est réduit. Activités de loisirs et restaurants en font les frais. En Haute-Corse, par exemple, les offices du tourisme constatent que les vacanciers consomment moins et privilégient les activités gratuites ou peu coûteuses.
En Corse il y a du monde en ce début août. Les chiffres divulgués vendredi dernier par la Chambre de Commerce et d’Industrie démontrent que les vacanciers sont aussi nombreux qu’en 2019, cependant, selon les professionnels du secteur, ils dépensent avec parcimonie. Ce constat est partagé par les offices de tourisme de Haute-Corse, qui signalent une légère baisse de fréquentation par rapport à l’année derrière, ainsi qu’une évolution des choix d’excursions.
L’Office du Tourisme de la Corse Orientale rapporte une diminution de fréquentation de 25 à 30% par rapport à 2022. Toutefois, ces chiffres sont nuancés par les conditions météorologiques peu favorables en mai et juin, qui ont influencé la mobilité des visiteurs « il ne faut pas perdre de vue que nous avons eu un mois de mai et de juin déplorable niveau météo, ce qui explique aussi pourquoi les gens ne bougent pas », nuance-t-on toutefois dans ce comptoir touristique chargé de la microrégion de Ghisonaccia. Ici, les rares personnes qui se déplacent pour recevoir des informations sont essentiellement à la recherche d’activités gratuites ou à faible coût, comme les visites touristiques, les promenades, les randonnées ou les marchés. Selon le personnel, les prestations de services payantes, comme les balades en mer ou le canyoning, sont moins plébiscitées cette année.
Dans le Cap Corse, la stratégie adoptée pour contourner cette tendance consiste à mettre en avant la richesse du territoire, encourageant les visiteurs à s’attarder davantage. « Les années précédentes, les gens faisaient la visite du Cap en une journée, ce qui ne leur permettait pas de découvrir tout ce que nous avions à offrir. Maintenant, on conseille aux visiteurs de s’arrêter plus longtemps sur place, et ça se ressent légèrement », indique Patrick Saliceti, le directeur de l’office du tourisme du Cap Corse. D’après les retours qu’il a pu recevoir de la part des hôteliers, les niveaux de réservation pour les nuitées cet été restent stables par rapport à 2022.
Ici aussi, les activités payantes sont également boudées par le public, avec notamment « une timide baisse pour le mois de juillet sur les visites guidées que nous proposons à 7€ », qu’il faut toutefois corréler avec le léger ralentissement que connaît la fréquentation de l’office. Néanmoins, Patrick Saliceti note que la parade a été trouvée avec des activités gratuites à fort potentiel, « on axe beaucoup sur la randonnée, où chaque village a créé sa balade thématique qui permet de découvrir et de valoriser le patrimoine, ce qui plaît beaucoup ». Au nombre de 18, ces itinéraires à l’intérieur des terres incitent les voyageurs de passage à s’attarder plus longuement dans le territoire et à potentiellement consommer chez les commerçants du coin.
Continuer d’attirer le public sur de nouvelles activités
Cela démontre que les visiteurs, bien que moins dépensiers, ont néanmoins toujours envie de découvrir la Corse et ses richesses. C’est ce que constate Jean-Michel de Marco, le directeur de l’office de tourisme de l’Île Rousse, qui assure avoir eu « les mêmes taux de fréquentation au guichet » entre avril et fin juillet qu’en 2022. Malgré les restrictions budgétaires que subissent les ménages, les vacanciers sont de plus en plus demandeurs de découvertes variées du terroir insulaire, activités certes gratuites, mais qui ont des chances de déboucher sur un achat. « En 2022, les gens plébiscitaient les activités en plein air et dans un second temps les excursions liées au patrimoine. En regardant les chiffres de cette année, on se rend compte que c’est maintenant l’inverse, dans plus de 30% des cas, les demandes tournent principalement autour de la découverte de lLîle rousse et des villages alentour, les activités en plein air venant dans un second temps », explique le directeur. Les autres sollicitations auprès de l’office de tourisme sont également dans cette veine puisqu’elles concernent les manifestations culturelles disponibles sur le territoire.
Malgré un début de saison mitigé, les offices de tourisme signalent un regain timide de fréquentation depuis mi-juillet, Avec le chassé-croisé entre juilletistes et aoûtiens, les professionnels du secteur espèrent voir un sursaut durable de fréquentation, aussi bien dans les offices du tourisme que chez les hôteliers et les restaurateurs.