Si le secteur du bâtiment présente un bilan conjoncturel plutôt positif à la fin août, le secteur de l’Industrie ralentit tandis que celui de l’hôtellerie-restauration, laisse apparaitre une forte baisse durant la saison touristique 2023. L’arrière saison semble tout de même plus prometteuse avec un mois de septembre qui laisse apparaître un rebond dans les métiers liés au tourisme. C’est ce qu’il ressort des analyses économiques effectuées par la Banque de France, et présentées jeudi à la Presse dans ses locaux ajacciens par le biais de Jean-Luc Chaussivert, le directeur régional. Au niveau national, la croissance du PIB est à la hausse tandis qu’une baisse de l’inflation est espérée dans les mois à venir.
Jean-Luc Chaussivert, Directeur Régional de la Banque de France (à droite), et Bernard Benitez, responsable des affaires régionales, ont livré leurs analyses de la situation économique en Corse.
Alors que la saison touristique s’achève dans bon nombre de microrégions, le bilan de l’activité touristique laisse apparaître une nette baisse de l’activité, par rapport à 2022. Une année post COVID, qui avait permis de battre tous les records comme le confirme Jean-Luc Chaussivert, le Directeur régional de la Banque de France : « Contrairement à ce qui avait annoncé par les chefs d’entreprises insulaires, l’année 2022 n’a pas été seulement bonne. Elle a été très bonne, voire excellente ! C’était une année spéciale avec un contexte économique post COVID positif que montrent les données que nous avons en notre possession ».
Ainsi, le secteur industriel laisse apparaître une augmentation du chiffre d’affaires en hausse de 13%, tandis que le Bâtiment progresse de 6,9 %. Mais la hausse la plus spectaculaire est à mettre à l’actif du secteur des services à la personne en hausse de 14,9 % ! Une augmentation sensible du chiffre d’affaires qui a eu pour effet un nombre important de créations d’emplois dans les trois secteurs : « Le nombre d’emplois créés n’a pas été forcément en corrélation avec la forte hausse de l’activité, notamment dans le secteur industriel. Les entreprises ont sûrement augmenté leur productivité devant les difficultés de recrutement rencontrées. Nous avons aussi constaté que les taux de marges en 2022 sont quasiment équivalents à ceux de 2021. Malgré la hausse des chiffres d’affaires, tout cela veut dire que les coûts fixes comme par exemple le prix de l’énergie, notamment dans l’Industrie, ont quand même rendu la tâche des entreprises plus ardue ».
Une saison estivale 2023 en forte baisse, mais un mois de septembre encourageant
Concernant 2023, même si elle loin d’être terminée, les projections semblent assez fiables, du fait de la fin de la saison estivale : « Clairement, l’activité au tourisme marque le pas avec une forte baisse enregistrée de mai à fin août. Sans surprise, c’est l’Hôtellerie-Restauration, qui est le plus touché. Même s’il faut relativiser de par le fait que l’année 2022 a été exceptionnelle, il faut bien admettre que ces secteurs ont dû s’adapter pour faire face à cette chute d’activité. Maintenant, il faut quand même savoir que les chefs d’entreprise que nous avons contactés nous signalent une bonne reprise de l’activité sur le mois de septembre qui vient de s’écouler, et c’est une très bonne nouvelle, pour l’ensemble de l’économie insulaire ».
Visiblement, la clientèle touristique continue de modifier sa manière de fonctionner : des séjours plus courts, un arbitrage plus dur concernant leur manière de consommer sur place, notamment dans les restaurants, une incitation générale à la prudence en matière de dépenses, au vu du contexte inflationniste. Face à cette nouvelle donne, et un étalement prononcé de la saison touristique, les responsables des métiers du CHR devront sans doute eux aussi s’adapter pour satisfaire cette nouvelle clientèle comme l’explique le Directeur Régional de la Banque de France : « L’enjeu pour ces chefs d’entreprises sera sûrement de modifier leur offre, et leur recrutement. Le tourisme reste une matière première durable qu’il faut savoir faire fructifier. Sans surprise, les chiffres d’affaires sont en net retrait et le nombre de recrutements également. Le secteur industriel, lié forcément au tourisme, pâtit également de cette dégradation avec un fort ralentissement de la production et un carnet de commandes bien en deçà du seuil d’équilibre ».Seul secteur à résister, celui du BTP, qui a connu une forte croissance pendant la saison estivale : « C’est surtout grâce à la commande publique que ce secteur a connu une forte hausse et enregistre un carnet de commandes record. Il subsiste cependant des interrogations concernant le début de l’année 2024 ».
Au plan national, les perspectives économiques conjoncturelles ont été revues à la hausse avec une croissance espérée du PIB de près de 0,9% (contre 0,7 espéré). D’autre part, l’inflation en nette hausse en 2023 à près de 6% devrait nettement reculer en 2024 (2,6%) et 2025 (1,8%) grâce à la forte hausse des taux directeurs, qui devraient demeurer à ce niveau pendant encore quelques années.
Patrice Paquier Lorenzi le Jeudi 5 Octobre 2023 à 16:10