Situation inquiétante pour les saisonniers de l’île @CorseMatin
Les travailleurs saisonniers sont aujourd’hui dans l’incertitude quant à l’avenir et s’inquiètent pour la reprise de leur activité et leurs sources de revenus. PIERRE-ANTOINE FOURNIL
Dans ce contexte d’incertitude quant à l’avenir de la saison touristique, les travailleurs saisonniers sont, avec les entreprises du tourisme, parmi les premières victimes. Des dispositions existent cependant pour limiter la casse. Les promesses d’embauche permettent notamment de bénéficier du dispositif d’activité partielle
Ils sont près de 20 000 chaque année et représentent 20 % de l’emploi insulaire. Les travailleurs saisonniers sont un des maillons essentiels et indispensables au bon fonctionnement de l’industrie touristique corse. Pâques marque pour beaucoup de socioprofessionnels le démarrage de la saison estivale. Les saisonniers sont ainsi nombreux chaque printemps à rejoindre l’île depuis le continent pour venir renforcer les effectifs. Mais la crise sanitaire a stoppé nette cette « migration » estivale et mis en suspens des milliers d’emplois liés à l’industrie touristique qui représente 30 % du PIB insulaire (transports inclus). La Corse, déjà durement frappée sur le plan sanitaire, sera également une des régions les plus impactées par les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus.
Personne ne sait pour l’heure de quoi demain sera fait. Aucune date de déconfinement n’a encore été avancée et la reprise de l’activité touristique semble plus que compromise dans les prochaines semaines voire dans les prochains mois, laissant tous ces employés saisonniers en attente d’embauche sur le carreau.
Indemnités prolongées
La réforme des indemnités chômage a été repoussée en octobre mais elle inquiète déjà les saisonniers de l’île qui ne pourront pas faire une saison de six mois.
« Pour l’instant, on navigue à vue. Pour ceux qui touchent encore leurs indemnités chômage comme moi, la situation est tenable, mais il faudra bien à un moment recharger nos droits en travaillant… », confie Estelle, une saisonnière qui devait être embauchée au premier avril pour une durée de six mois. Les autres, ceux qui sont arrivés en fin de droits, ont eu la bonne nouvelle de pouvoir bénéficier du prolongement de leurs indemnités durant toute la durée du confinement, comme l’a confirmé la direction de Pôle emploi Corse. Une manière d’amortir le choc, sans pour autant éviter la chute car l’emploi ne sera pas forcément garanti pour tous à l’issue du confinement. Et la situation pose un vrai problème de conscience à de nombreux employeurs. « On devait faire travailler 18 personnes à partir du 1eravril. Notre équipe est sur place, ce sont les mêmes employés depuis des années », témoigne Philippe Ciccada, propriétaire du restaurant le Neptune, à Ajaccio. « Le problème majeur qui se présente à eux, c’est comment faire cet hiver avec une saison de trois mois. Je ne peux laisser personne sur le carreau, moralement je ne peux pas dire non à certains de mes employés saisonniers qui me sont fidèles depuis des années. »
« Sauver le potentiel humain »
Dans le sud de l’île, où le tourisme représente près de 50 % de la création de richesses, l’incertitude est encore plus forte qu’ailleurs. « Mon intime conviction, c’est qu’on ne va pas pouvoir ouvrir, nous serons certainement une des dernières régions à être déconfinées et notre catégorie professionnelle une des dernières à reprendre l’activité », s’inquiète aujourd’hui César Filippi, propriétaire de l’hôtel-restaurant Le Belvédère à Porto-Vecchio qui a signé pas moins de 38 promesses d’embauches saisonnières pour 2020. « Tout était en place avec l’arrivée d’une première vague de saisonniers le 2 avril et une seconde vague mi-juin. Pour l’instant, j’ai reporté d’un mois ces promesses d’embauche. Je ne veux pas perdre mon personnel, surtout les cadres qui sont très difficiles à recruter. J’ai lancé un appel avec ma fédération pour les salariés qui ne retrouveront pas cette année un CDD, la seule solution est la prolongation par Pôle emploi de leurs indemnités de chômage. Il faut sauver l’essentiel, c’est-à-dire le potentiel humain. »
Même constat pour Edmond Cridel, patron de l’hôtel A Chedda à Bonifacio, qui renforce chaque année, à partir du 15 avril, son personnel de 14 employés à l’année par 16 emplois saisonniers. «J’ai reporté les em- bauches au 15 mai, une grande partie de mon équipe vient du continent. Le personnel est la chose la plus importante pour nous, c’est un investissement sur l’avenir. Pour ne pas perdre des employés de valeur, je réfléchis actuellement à valider certaines promesses d’embauche et à utiliser le dispositif de chômage partiel si cela est possible. »
Une solution qui pourrait enlever une épine du pied de beaucoup de socioprofessionnels du tourisme et surtout de saisonniers qui ont signé leur promesse d’embauche.
Mais l’information circule mal et de nombreux employeurs ne savent pas qu’ils sont éligibles à ce dispositif dans le cadre de l’emploi saisonnier, à condition d’avoir une offre ou une promesse d’embauche acceptée par le salarié.
La direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) confirme ainsi qu’il est tout à fait possible d’embaucher son personnel saisonnier et de le mettre dans la foulée en activité partielle (appelée aussi chômage partiel ou technique, ndlr) en attendant la reprise d’activité, même si ce dernier se trouve actuellement confiné sur le continent.
Dispositif de chômage partiel
« L’objectif, c’est évidemment de ne pas perdre les compétences. Une offre d’embauche ou une promesse d’embauche écrite en bonne et due forme et acceptée par le salarié vaut comme un contrat de travail, elle ne peut être rompue. L’employeur est tenu de l’embaucher, qu’il se trouve en Corse ou ailleurs en raison du confinement. Il sera alors possible de bénéficier du dispositif d’activité partielle mis en place par l’État », confirme Isabel de Moura, directrice de la Direccte Corse. « Nous conseillons aux chefs d’entreprise de prévoir un temps d’activité partiel plus ou moins long, en mentionnant que leur activité est actuellement à l’arrêt le temps du confinement et que la reprise ne se fera que progressivement. Le dispositif est aussi la meilleure solution pour les salariés car cela va leur ouvrir des droits mais il faudra que l’employeur aille jusqu’au bout du contrat. »
Et c’est là qu’il reste une inconnue. « La difficulté, c’est s’il n’y a pas du tout de reprise et qu’un établissement qui a embauché des salariés saisonniers décide de ne pas ouvrir du tout pour la saison. Les employés pourront se retourner contre l’entreprise pour rupture de contrat sauf si l’épidémie est reconnue par les tribunaux comme un cas de force majeure. Embaucher des saisonniers pour l’instant, c’est un peu à leurs risques et périls s’ils décident finalement de ne pas ouvrir du tout », poursuit la directrice de la Direccte.
Le problème reste entier pour tous ces saisonniers qui n’ont pas signé de promesse d’embauche, comme c’est hélas souvent le cas en Corse où les accords entre employeurs et salariés restent souvent oraux. « Mes saisonniers sont les mêmes depuis quatre ans, c’est un accord de reconduction tacite que nous avons », explique cette responsable de base nautique qui s’inquiète du devenir de son personnel s’il ne peut pas bénéficier du dispositif de chômage partiel.
« Le souci, c’est que nous n’avons aucune visibilité pour cette population de saisonniers, nous craignons une forte recrudescence de la précarité, souligne Marie-Josée Salvatori, secrétaire régionale de la CFDT. Nous sommes surtout inquiets sur l’entrée en vigueur de la réforme des indemnisations chômage dans un contexte où la saison va être forcément écourtée. Nous avons soulevé ce problème dès le début. Le facteur déterminant, c’est de savoir quand les établissements pourront rouvrir. »
Une question qui est sur toutes les lèvres. Les responsables d’établissements touristiques sont tous dans l’expectative. « On est dans le flou le plus total. On ne sait pas encore s’il y aura de la clientèle touristique, donc je ne peux pas me permettre de recruter un effectif si ce n’est pour faire que quelques couverts. J’ai contacté ceux qui avaient travaillé l’année dernière… mais le recrutement se fera au feeling », indique Pascal Bozzi, propriétaire du restaurant le Golfe à Ajaccio. Julien Bisgambiglia, propriétaire du Bar a Beach à Porticcio, part du principe que ce sera une année blanche et n’envisage pour l’heure aucune embauche de saisonniers. « On avisera le moment venu. L’équipe que l’on avait avant le début du confinement a été placée en chômage partiel. On bosse avec les locaux donc, si on ouvre à mi-saison, on amortira les pertes de ce début loupé. Notre équipe en cuisine a été compréhensive et s’est adaptée à la situation. Elle nous est restée fidèle. Elle non plus n’a pas d’autre solution pour l’instant, on est tous dans le même bateau. On espère une meilleure après-saison qui, je pense, durera plus longtemps que d’habitude. »
Faire le pari ambitieux de l’après-saison pour sauver les meubles, la seule note d’espoir qui fait encore tenir les socio-professionnels du tourisme… et patienter les saisonniers.
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