Des restaurateurs du centre-ville de Porto-Vecchio dressent un bilan en demiteinte de la saison touristique. L’heure est à la réflexion pour ces socioprofessionnels qui envisagent des pistes pour revaloriser ce secteur en perte de vitesse.
Vendredi matin. L’ambiance est quelque peu morose dans le centre-ville de la cité du sel. En ce début d’octobre, les terrasses de la place de la République ont été désertées par les touristes… « La saison aura été de courte durée ! », déplore un restaurateur.
Un vent de pessimisme a fini par gagner les socio-professionnels qui, depuis la crise Covid, additionnent des saisons en perte de vitesse. « L’année dernière, la saison était déjà mitigée et l’année d’avant aussi. Là, ça a été la dégringolade avec un mois de juillet catastrophique », s’inquiète le patron d’un restaurant voisin.
Cette année encore, la baisse de la fréquentation touristique et l’inflation ont fait un mauvais cocktail. Le secteur du tourisme en Corse traverse une crise et la première station balnéaire de l’île n’y échappe pas. « On a eu un beau mois de mai avec les ponts. On a été optimiste mais ça a été un faux départ de saison, avec une période de battement en juillet », constate à son tour Stephan, qui tient le restaurant U Stampu di Corsica.
Un budget vacances en baisse
Parmi les restaurateurs de la vieille ville, certains avaient déjà anticipé une saison en dents de scie, à l’image d’Éric : « Cette année, je suis passé en cuisine pour limiter mes coûts. J’ai réduit la capacité d’accueil et on est passé de neuf à six salariés sans quoi, je ne tenais pas la saison. On est nombreux à se serrer la ceinture. »
Si les chiffres de la chambre de commerce et d’industrie de Corse dressent un bilan encourageant du mois d’août avec une hausse de la fréquentation de 5 % par rapport à 2023, le ressenti des socioprofessionnels est tout autre. « La problématique n’est pas tant la baisse de la fréquentation mais plutôt la chute du pouvoir d’achat. Les billets de transport sont excessivement chers, ce qui laisse peu de budget pour les sorties », relève Stephan.
Des propos que corroborent Clément et Louisa, qui ont ouvert le bar à vin Arcanu en juin : « Cet été, on a observé qu’il y avait beaucoup de familles avec des enfants. Ce sont des touristes plus casaniers et moins enclins à dépenser dans des bars et des restaurants. »
« La problématique n’est pas tant la baisse de la fréquentation mais plutôt lachute du pouvoir d’achat »
« Il faut ouvrir des perspectives »
Pour Éric, l’heure est à la réflexion pour les professionnels du tourisme : « On attire surtout les classes moyennes et ici, les prix des plats et des boissons restent élevés pour cette catégorie, qui a largement dépensé dans le transport et le logement. Il y a quelque chose qui ne colle plus et il est temps de se remettre en question ! »
Un constat partagé par les patrons de l’Arcanu qui ont fait le pari de rester ouverts à l’année : « Il faut ouvrir des perspectives et proposer plus de lieux et d’activités pour les jeunes, tels que des soirées et des festivals. Ça pourrait amener une nouvelle clientèle touristique et bénéficier aux locaux. »
Stephan espère lui aussi que la saison touristique s’étalera sur l’année : « Si tout le monde joue le jeu et que les établissements restent ouverts à l’année, on peut habituer les touristes à venir en intersaison. Après tout, la Corse est magnifique sous toutes les saisons. »