Déconfinement : Viser la zone verte pour éviter la saison blanche

La situation des bars et des restaurants sera évaluée à la fin du mois de mai. OLIVIER SANCHEZ/CRYSTAL PICTURES
Édouard Philippe n’a pas succombé à l’euphémisme au moment d’évoquer les risques d’un confinement prolongé. Le Premier ministre a mis en garde contre « l’écroulement »de l’économie qui menace le pays. Dans sa volonté de relancer l’activité sans rogner la sécurité sanitaire, le chef du gouvernement offre à la Corse une possibilité d’éviter une année blanche, à l’approche de la saison estivale. « C’est un discours cohérent, analyse Alex Vinciguerra, président de la caisse de développement de la Corse (Cadec). Nous devons désormais démontrer que nous avons la capacité de maîtriser le risque sanitaire par le dépistage et la fourniture de masques, que nous sommes capables de mettre en œuvre cette méthode de déconfinement. Si le jeudi 7 mai, nous sommes classés parmi les zones vertes, nous pourrons envisager une reprise progressive de l’activité économique ».
Cette distinction entre départements, teintés de rouge ou de vert en fonction de la situation sanitaire, est la clé d’une reprise espérée sur l’île. L’appréciation de la direction générale de la santé revêt donc un enjeu fondamental à l’approche de l’été. Jean-André Miniconi, président de la confédération des PME, insiste, lui aussi, sur la nécessité de jouer sur la différenciation. « On ne peut pas avoir les mêmes critères d’appréciation des risques que sur le continent. Si l’on permet aux avions d’atterrir et que 200 000 touristes arrivent en juillet, c’est 50 % de la population qui augmente et des doutes sur nos capacités de réanimation. Il faut faire jouer notre spécificité ». Une crainte partagée par Charles Zuccarelli, président du Medef de Corse. « Si nous sommes classés en zone verte, on s’expose à un problème sanitaire en cas de surfréquentation. Si on est en rouge, on ne pourra pas accueillir de touristes et ça serait catastrophique pour l’économie ».

« Les mesures nationales ne sont pas calibrées sur les besoins de la Corse »

Quelles qu’en soient les conséquences, ce code couleur est incomplet pour Jean Dominici. Pour le président de la chambre de commerce de la Corse, la situation du monde de l’entreprise doit aussi être prise en compte. « On ne peut pas parler de différenciation entre les territoires et employer des mesures uniformes, oppose-t-il. Les zones rouges et les zones vertes sont définies par les conditions sanitaires. Mais elles doivent l’être aussi par leur situation économique. Il y a des régions comme la Corse, dans le rouge économiquement. Les régions les moins impactées ne peuvent pas bénéficier des mêmes mesures que nous ». Si la date du déconfine-ment est confirmée, le retour progressif au travail est prévu pour le 11 mai. Mais cette reprise reste soumise à plusieurs incertitudes liées aux caractéristiques du tissu économique insulaire. Édouard Philippe encourage le recours au télétravail mais cet outil est difficilement applicable dans des secteurs très représentés en Corse comme le BTP, le tourisme ou l’artisanat. Pour ceux qui ne peuvent pas s’y résoudre, le gouvernement suggère de fonctionner en horaires décalés au sein de l’entreprise. Mais là aussi, cette adaptation n’est pas applicable à la grande majorité des TPE et reste peu efficiente sur un territoire ou l’utilisation des transports en commun est marginale.
Le Premier ministre a indiqué qu’un nouveau plan d’organisation du travail sera notamment débattu avec les partenaires sociaux, demain, et que le ministère du Travail planchait sur la création d’une soixantaine de « fiches métiers » pour accompagner cette réorganisation dans tous les secteurs. Là aussi, les dispositions du gouvernement peinent à lever les inquiétudes des acteurs du monde de l’entreprise. « En raison de l’interdiction de déplacement de plus de 100 kilomètres, de la fermeture des plages jusqu’au 1 er juin, du maintien des restaurants et des bars fermés, on s’achemine vers une saison sans touristes, craint Jean Dominici. Mais on ne nous propose pas de contrepartie. Les mesures nationales ne sont pas calibrées sur les besoins de la Corse, dont le PIB dépend pour 24 % du tourisme. Personne ne nous explique comment la Corse peut vivre sans tourisme ».
Un début de réponse pourrait être apporté ce matin (lire encadré). La situation des restaurants et cafés sera réévaluée à la fin du mois de mai et une nouvelle phase du déconfinement sera étudiée avant le 2 juin. Cette méthode « progressive » annoncée par le Premier ministre pose de nombreux problèmes d’ordre logistique. « Je fais comment pour la location de voiture ? Je commande combien de véhicules pour la saison ? Zéro ? 500 ? 1 000 ? Et les hôteliers, les restaurateurs, les paillotiers, comment préparent-ils leurs équipes de saisonniers ? », s’inquiète Jean-André Miniconi, qui possède plusieurs concessions automobiles dans la région d’Aiacciu.
Enfin, Édouard Philippe a délégué aux préfets la possibilité de ne pas autoriser l’ouverture de centres commerciaux de plus de 40 000 m2. Deux établissements sont concernés : l’Atrium et le centre commercial Leclerc-Baleone, sur la commune de Sarrula è Carcupinu, en périphérie d’Aiacciu. « On peut en limiter l’accès mais il ne faut pas empêcher cet écosystème de travailler. Au-delà des grandes surfaces, il y a aussi des petits commerçants qui vivent de ces galeries marchandes », prévient Charles Zuccarelli.

Tourisme, l’inconnue

Le Premier ministre n’est pas entré hier dans le détail des mesures pour une reprise du tourisme. Seule certitude : les plages resteront fermées au moins jusqu’au 1 er juin. Le rendez-vous avec les acteurs de ce secteur est fixé, en France, fin mai. Le retour à l’activité sera ensuite envisagé en fonction de l’évolution sanitaire, en concertation avec les différents territoires. Ce matin, à l’occasion d’une visioconférence, les professionnels du tourisme insulaire présenteront leurs besoins et leurs attentes à Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Ils seront accompagnés des représentants de la Collectivité de Corse (Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini et Marie-Antoinette Maupertuis), des maires d’Ajaccio et de Bastia, Laurent Marcangeli et Pierre Savelli, ainsi que des parlementaires insulaires.
JEAN-PHILIPPE SCAPULA

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