Les tarifs élevés des billets d’avion et de ferries ou encore la croissance de l’offre de meublés de tourisme, des sujets qui étaient ce mercredi 29 mai au cœur du magazine de la rédaction de France Bleu RCFM.
Quel premier bilan pour la saison touristique en Corse ? C’est l’une des questions qui étaient posées ce mercredi 29 mai, dans le cadre du magazine de la rédaction de France Bleu RCFM. Comme l’an passé, « le démarrage n’est guère reluisant », estime Benoît Chaudron, vice-président de l’UMIH Corsica (l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) qui craint que le scénario d’une saison touristique difficile ne se répète en 2024. L’an passé, selon une étude de l’INSEE, une baisse de fréquentation de 8,1% avait été enregistrée par rapport à 2022. Parmi les problématiques identifiées, les tarifs élevés des billets d’avion et de ferries ou encore la croissance de l’offre de meublés de tourisme. Ces facteurs ont entraîné une perte de 824 000 nuitées, affectant tout particulièrement l’industrie hôtelière. Egalement hôtelier à Ajaccio, Benoît Chaudron indique que **si « les vacances de Printemps ont été porteuses », cela n’a pas été le cas pour le mois de mai, avec ses différents ponts, « beaucoup plus frileux » selon lui. **Et les prévisions pour la haute saison ne sont pas rassurantes, ajoute Benoît Chaudron qui a exprimé ses préoccupations face à une fréquentation touristique irrégulière. « Quelques secteurs, comme l’extrême sud ou la Balagne, ont été un peu mieux fréquentés, mais dans la globalité, il y a toujours beaucoup d’attentisme et beaucoup de difficultés au niveau des tarifs ». Il a également pointé un « manque de visibilité sur les réservations », notant que « juillet et août sont loin d’être pleins et ça va être difficile », dit-il.
“La coopération plutôt que la polémique”
De son côté, Tony Ceccaldi, maire de Lama, président de la Fédération des Offices de Tourisme et Syndicats d’Initiative (FROSTI), a partagé cette inquiétude tout en appelant à une remise en cause collective et « à la coopération plutôt qu’à la polémique ». « On est toujours dans un début de saison un peu compliqué. Les vacances ont été tôt cette année. L’an dernier, certains se plaignaient déjà que la saison devait être mauvaise, et finalement, elle n’était pas si mauvaise que ça. Les comptes se font en fin de saison. Il faut que tout le monde se remette en cause, que ce soit les transporteurs, nous les institutionnels, ou les socioprofessionnels du tourisme », a-t-il poursuivi.
Jean-Baptiste Martini directeur commercial et marketing chez Air Corsica, a annoncé des mesures pour renforcer l’offre de sièges. « Nous allons voir pour la saison estivale un accroissement de l’offre globale de 7 %, portant l’offre de sièges de la compagnie à plus de deux millions sur la période d’avril à octobre ». Il a précisé que « les tendances de remplissage sont vraiment à la hausse sur toutes les lignes », reflétant une demande qui suit cet accroissement de l’offre.
Parmi les intervenants également, le directeur régional de la compagnie La Méridionale. Michel Biancamaria a souligné les efforts pour rendre les tarifs plus attractifs malgré une position minoritaire sur le marché. « Nous avons souhaité amener une offre supplémentaire parce que c’est ce qui va permettre de voir davantage de touristes en Corse », faisant référence à la récente ouverture par la compagnie aux bateaux bleus d’une liaison Toulon-L’Île-Rousse-Livourne. Il a par ailleurs soutenu que « des promotions et une meilleure communication avec les professionnels du tourisme sont essentielles pour attirer les visiteurs ».
“Le tourisme appartient à la Corse et aux Corses”
Les quatre intervenants ont également abordé la concurrence déloyale des meublés de tourisme, un problème récurrent pour les hôteliers. Benoît Chaudron a affirmé que « les contraintes ne sont pas les mêmes entre hôtels et meublés, les charges ne sont pas les mêmes, et les commissions de sécurité n’existent pas pour les meublés ». L’hôtelier ajaccien a insisté sur la nécessité de « renforcer l’offre touristique marchande et réglementée ». Pour stimuler le tourisme, des mesures comme la politique d’achat de flux aériens par la Collectivité de Corse, présentée lors de la session de l’Assemblée de Corse qui s’ouvre ce jeudi, sont de bon augure, pour Jean-Baptiste Martini qui soutient cette initiative, expliquant que « lorsque nous avons tenté de développer des lignes à forte vocation touristique sur l’année entière, c’était très compliqué. Un dispositif comme celui-ci pourrait permettre de maintenir des lignes à l’année grâce à une aide indispensable ».
Les socioprofessionnels et décideurs du tourisme doivent se retrouver le 20 octobre prochain pour définir les stratégies à adopter afin de surmonter les défis de cette saison et préparer efficacement celle de 2025. « Le tourisme appartient à la Corse et aux Corses. Il est crucial de travailler ensemble au service de la Corse et des Corses », a conclu Tony Ceccaldi.
De
