Ce jeudi, l’INSEE publiait son bilan économique régional pour 2022. Parmi les données notables, l’organisme de statistiques relève que l’île retrouve son attractivité touristique d’avant saison avec 10,8 millions de nuitées enregistrées sur l’année. Une fréquentation dont les campings sortent grands gagnants selon l’institut de statistiques.
Avec 4,4 millions de nuitées enregistrées, les campings corses ont effectué une bonne saison 2022. Cette hausse de 4,4% par rapport à l’avant-crise a été mise en évidence par l’INSEE à l’occasion de la présentation de son bilan économique 2022, ce jeudi à Ajaccio. À travers ce document, l’organisme de statistiques montre notamment que la Corse regagne son activité touristique d’avant crise sanitaire et que « l’activité des hébergements touristiques professionnels marchands dépasse celle d’avant crise sanitaire et les chiffres d’affaires s’élèvent en conséquence ». « Avec 10,8 millions de nuitées, la fréquentation globale progresse de 1,2 % par rapport à 2019. Elle est particulièrement dynamique en avant et arrière-saison. Les résultats des établissements hôteliers sont encore bridés par un déficit de clientèle provenant de l’étranger jusqu’à la fin de l’année. En revanche, les campings sont les grands gagnants, les nuitées progressent nettement grâce à la présence accrue des campeurs de toutes provenances confondues », indique-t-il dans sa publication.
Des chiffres que confirme Alain Venturi, le président de la fédération corse de l’hôtellerie de plein air. « L’année 2022 a été une bonne année pour nous notamment grâce au fait que nous avons vu revenir la clientèle étrangère dont nous avions été privés pendant la période Covid. Et puis on a senti un besoin d’oxygène. Peut-être que les gens sont partis plus volontiers et plus nombreux en vacances et ont privilégié les destinations de proximité. Après, nous n’avons pas connu une explosion non plus, mais globalement il y a effectivement une évolution du nombre de nuitées », note-t-il. Toutefois, loin d’être spécifique à la Corse, cette évolution de la fréquentation de l’hébergement de plein air s’est aussi fait sentir au niveau national. « Globalement, sur l’ensemble du territoire français, le camping a fait une bonne saison 2022, mais je pense que les régions qui sont comparables aux nôtres, sur l’arc méditerranéen, ont mieux profité que nous. Nous avons quand même un handicap de transport qui fait que les variations à la hausse sont plus limitées », souligne Alain Venturi.
“L’année 2023 va nous permettre de savoir s’il y a eu un changement dans les comportements”
Par ailleurs, dans son étude l’INSEE relève que la répartition des nuitées sur l’île se fait plutôt sur des campings bien équipés de 3 à 5 étoiles. « Ils récupèrent les ¾ de la fréquentation touristique dans les campings », pointe Antonin Bretel, chef du service études et diffusion à l’INSEE de Corse, en relevant : « Parmi ces nuitées, on constate une augmentation des nuitées sur des emplacements équipés. On a toujours cette idée du camping de tente, mais c’est de moins en moins le cas. On voit qu’il s’agit de de plus en plus de camping en bungalow, roulottes, ou même de ce qu’on appelle du glamping. Les vans et les camping-cars ont aussi peut-être permis aux campings d’avoir une fréquentation plus importante ». Une tendance qui depuis plusieurs années « a permis d’allonger la saison » de l’hôtellerie de plein air, selon Alain Venturi.
Parallèlement, l’INSEE soulève qu’en 2022 la fréquentation des hôtels, bien qu’en hausse par rapport à l’année précédente, affiche des chiffres en baisse par rapport à 2019 et l’avant crise Covid. « Il y a une diminution de 2,8% dans le nombre de nuitées. Mais il faut rappeler que jusqu’au printemps il y avait toujours des restrictions sanitaires qui n’ont pas permis de retrouver toute la clientèle étrangère qu’on pouvait avoir avant la crise sanitaire. L’année 2023 va nous permettre de savoir s’il y a eu un changement dans les comportements, ou si cette tendance était encore liée à ces restrictions de déplacements », explique Antonin Bretel. Une saison qui a plutôt bien démarré dans les campings de l’île, mais qui inquiète aujourd’hui quelque peu les professionnels. « Nous sommes clairement en retard dans nos réservations. C’est encore difficile de dire si nous arriverons à rattraper notre retard », dévoile Alain Venturi, « On voit que chez les socioprofessionnels du tourisme corses, cette tendance est générale ». La faute à la crise économique ? Pas sûr, selon le président de la fédération corse de l’hôtellerie de plein air. « J’ai des discussions régulières au bureau national de la fédération et les autres régions sont plutôt sur une meilleure tendance que nous. Je crois plutôt que nous avons accentué notre handicap de transport avec la hausse des carburants qui est un frein incontestable », analyse-t-il, déplorant « une certaine perte de compétitivité qui se manifeste de façon plus aiguë dans le cœur de la saison ».