Si elle entend les inquiétudes des socio-professionnels, Angèle Bastiani, présidente de l’agence de tourisme de la Corse, défend une politique touristique « claire » qui a permis de stabiliser les flux de voyageurs en 2023. « Il n’est pas nécessaire d’être alarmiste pour être efficace », assure-telle.
La saison touristique débute sur l’île mais déjà, les socioprofessionnels craignent une saison trop courte. Ont-ils tort de s’inquiéter ?
Il est toujours légitime d’être préoccupé pour son activité économique lorsqu’on est entrepreneur. L’an dernier, les craintes d’avant-saison se sont avérées infondées puisque le nombre de passagers a été quasiment identique à celui de 2022.
En revanche, les incertitudes liées au chiffre d’a”aires ou au taux de remplissage de l’hébergement professionnel sont compréhensibles, notamment en raison de la forte augmentation des parts de marché des meublés de tourisme. Nous travaillons sur ce sujet avec la Collectivité de Corse et les parlementaires pour proposer des mesures de régulation à l’échelle de la Corse entière.
Le coût des transports est avancé comme un frein à l’économie touristique. Comment la CdC peut-elle intervenir ?
Bien sûr, la Corse ne jouit pas des mêmes facilités de transport comparables à celles des autres régions. Cela est principalement dû à une question de balance entre l’offre et la demande : nous sommes 350 000 résidents permanents, et notre période touristique est concentrée sur quatre à cinq mois. Toutefois, ce n’est pas irrémédiable.
La Collectivité, l’agence de tourisme de la Corse, l’o!ce des transports et la chambre de commerce se sont engagées dans un projet visant à influencer directement les coûts de transport, notamment par un système d’achats groupés de flux qui sécuriserait les compagnies souhaitant desservir la Corse.
De plus, nous avons mis en place des mesures ciblées en partenariat avec Air Corsica pour offrir des tarifs préférentiels aux hôteliers, avec la collaboration des offices de tourisme.
En juin dernier, Il était question de plan d’urgence pour le tourisme. Risque-ton de se retrouver à nouveau confronté à cette situation ?
Il n’est pas nécessaire d’être alarmiste pour être e!cace. Nous avons, durant tout l’hiver et le printemps, organisé des ateliers de travail sur ces thématiques. De nombreuses propositions concrètes en sont sorties, notamment sur le plan des transports, des meublés de tourisme ou de la formation, avec les divers projets comme l’école hôtelière portée par la chambre de commerce.
D’aucuns estiment qu’il y a une absence de politique touristique. Entendez-vous ces critiques ?
On ne peut pas à la fois critiquer la politique touristique de la Corse et dire qu’il n’y en a pas : il faut choisir. L’an dernier j’ai exposé notre ligne politique de déconcentration des flux touristiques dans le temps, dans l’espace et en matière de provenance. Cette politique porte ses fruits avec des passagers équivalents aux années précédentes, une baisse du pic estival et de très belles performances en début et en fin d’année. Idem sur la provenance avec une hausse de clientèle étrangère. Cela, conjugué à nos aides au développement, forme une politique touristique très claire, avec laquelle on a le droit d’être en accord ou en désaccord, mais dont il est difficile de dire qu’elle n’existe pas.
PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE QUILICI-ORLANDI, jorlandi@corsematin.com