Les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie devront patienter jusqu’à la fin du mois de mai avant de pouvoir connaître la date qui sera fixée pour la réouverture de leurs établissements (l’hypothèse du 15 juin n’a pas, pour l’heure, été confirmée). C’est ce qu’il est ressorti de la réunion téléphonique qui a eu lieu hier entre, d’un côté, le président de la République, Emmanuel Macron, les ministres Bruno Lemaire et Gérald Darmanin et le secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne, et de l’autre côté, les représentants des instances nationales de ce secteur professionnel en grande difficulté financière. Les cafés, bars et restaurants sont fermés, sur décision du gouvernement, depuis le 14 mars. Les hôtels peuvent rester ouverts mais ils ne peuvent pas accueillir de clientèle touristique et leurs responsables attendent donc de savoir quand ils pourront fonctionner normalement.
Des mesures concrètes ont toutefois été annoncées pour pallier les conséquences économiques de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19. L’État a fait savoir que l’accès au fonds de solidarité sera élargi aux entreprises employant jusqu’à 20 salariés (jusque-là, le seuil était de dix employés) et réalisant jusqu’à deux millions d’euros de chiffre d’affaires.
De plus, l’aide octroyée à l’ensemble de ces entreprises a vu son montant doubler et pourra aller jusqu’à 10 000 euros. Par ailleurs, le loyer pourra, dans certains cas, être annulé.
C’est fin mai que sera connue la date de réouverture des restaurants, cafés et bars, qui sont fermés depuis le 14 mars. |
« Une réunion le 29 avril sur la Corse »
On connaît le poids économique du secteur dans l’île et les enjeux sont pour lui énormes à l’orée d’une saison touristique que l’on annonce catastrophique.
Du côté de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) de Corse, on attend, avant de se positionner sur les mesures du gouvernement, d’en savoir un peu plus dans le détail sur leur contenu.
En ce qui concerne le Cercle des grandes maisons de Corse, son président, Jean-Noël Marcellesi, estime que « cette réunion était la bienvenue car notre secteur est probablement le plus gravement atteint par la crise et il le sera plus longuement car le 11 mai, à la différence des autres commerces, il ne sera pas déconfiné. À défaut d’avoir donné des réponses précises, cette réunion a permis de baliser le chemin ».
« Il y a, note-t-il, un dialogue interactif pour mettre au point une charte sanitaire et une clause de revoyure fin mai pour faire un point car on aura le recul » vis-à-vis du déconfinement des autres secteurs. « S’il n’y a pas d’effet rebond, on pourra voir dans quelles conditions, on peut déconfiner la restauration, mi-juin ou fin juin, je ne pense pas que cela soit beaucoup plus tard, c’est en tout cas mon espoir, et ce, afin de limiter la casse au maximum. Cette crise frappe tout le monde avec la même intensité mais c’est préoccupant pour les toutes petites entreprises. »
Selon Jean-Noël Marcellesi, « le deuxième mérite » de cette réunion, c’est de mettre en exergue « le soutien massif et réaffirmé de l’État. Sur le plan national ou local, il s’est caractérisé par des mesures d’urgence », souligne-t-il en considérant que « l’élargissement du fonds de solidarité est une bonne chose », « et donnera place ensuite à un plan de relance dans lequel le tourisme aura une place spécifique et dans lequel on espère que la Corse aura aussi une place spécifique. Le 29 avril, il y aura une visioconférence entre les acteurs touristiques corses et le secrétaire d’État au Tourisme. Cela ne veut pas dire que nous aurons cette spécificité mais nous pouvons l’espérer, et nous argumenterons en ce sens. »
Reste cependant une inconnue : la saison 2020. Le président du Cercle des grandes maisons note l’absence de visibilité sur sa durée, son niveau d’activité, et la desserte aérienne : « Nous restons, pour l’instant, sur notre faim quant aux mesures incitatives qui pourraient être prises par l’exécutif régional pour rétablir au plus vite toutes les liaisons, de service public mais aussi les low cost qui sont devenues indispensables à l’activité touristique. »
Du côté des cafés et des bars, on se tourne également vers la période estivale. Avec appréhension. « La trésorerie, on la reconstitue pendant l’été. Son objectif est de permettre de tenir pendant l’hiver et de faire des investissements, souligne Antoine Paoli, gérant du Café Les Palmiers sur la place Saint-Nicolas à Bastia. Si la saison touristique n’est pas au rendez-vous, cette rentrée financière manquera aux cafés, aux bars et aux restaurants mais aussi aux autres commerces et aux artisans car tout est lié. Ce n’est pas les mois qui suivent que l’on mesurera les conséquences de ce manque à gagner mais au premier trimestre 2021. »