La Corse en rouge, déclarée zone à risque par plusieurs pays @CorseMatin

Tout l’été, les aéroports de l’île ont mis en place, comme ici à l’aéroport de Poretta, des mesures anti-Covid. 
JONATHAN MARI


Allemagne, Suisse, Belgique, Autriche soumettent leurs ressortissants voulant se rendre dans l’île soit à des contraintes soit à une interdiction pure et simple d’y séjourner tandis que le Royaume-Uni a instauré des mesures de quarantaine pour les passagers venant de France

Continuer à voyager ou s’en tenir à un entre-soi national en passe de devenir la règle ? C’est une question qui se pose de plus en plus. Depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, la France est devenue contrée non grata pour nombre de ses voisins européens.

Et depuis quelques jours, c’est au tour de la Corse, classée en zone rouge le 6 septembre dernier, d’être montrée du doigt parmi d’autres régions françaises également désignées comme peu fréquentables d’un point de vue sanitaire. Au regard notamment de la circulation revue à la hausse du coronavirus et du nombre important de cas d’infections.

Dans l’ordre chronologique, c’est d’abord l’Allemagne, le 10 septembre, puis, dans la foulée, la Suisse, le lendemain, qui ont pris peur. À telle enseigne qu’elles ont édicté des recommandations qui ne souffrent pas d’exception.

Ainsi, pour rentrer chez eux, les touristes suisses passeront impérativement par la case d’une quarantaine de dix jours. Le gouvernement suisse a, en effet, inclus la Corse dans une liste de neuf régions françaises et huit territoires d’outre-mer étiquetés en « risque élevé ». Pour leur part, les vacanciers allemands ayant séjourné sur l’île sont contraints, à leur retour, de se prêter à un test de dépistage et de rester confinés en quarantaine en l’attente des résultats.

Les Belges voient rouge eux aussi

Outre la Corse, l’Ile-de-France, Paca, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, ont, aussi, été déclarées « zones à risque » par Berlin.

La Belgique n’a pas tardé à suivre ses voisins frontaliers, le service public fédéral des affaires étrangères belges déclarant, dès le 11 septembre, la Corse comme une « zone à risque ».

Depuis cette date, les deux départements corses, à l’instar de 25 autres départements de métropole et d’outre-mer, sont interdits aux ressortissants de Belgique, saufs déplacements essentiels. De retour de ces départements classés en rouge pour raison sanitaire, les Belges observent nécessairement une quatorzaine et se soumettent à un test PCR obligatoire.

Conséquences, à clé, pour la compagnie Air Corsica.

« Il faut d’abord rappeler le contexte, recadre Luc Bereni, le président du directoire. Depuis fin juin, Air Corsica a maintenu 100 % de son programme, que ce soit pour les mois de juillet-août ou actuellement septembre-octobre. C’était une position volontariste que de maintenir l’offre, de faire comme s’il n’y avait pas de Covid. Hormis, évidemment, les destinations inaccessibles sanitairement, à savoir l’Angleterre et la Suède, qui, elles, avaient été retirées avant que cela ne démarre en 2020. La Belgique et l’Autriche rejoignent à présent ce cercle des destinations ‘’interdites’’, et malgré notre volonté d’afficher de l’offre, nous sommes impuissants dès lors que les déplacements des populations sont contraints. Du coup, pour l’international, la saison 2020 se termine ce dimanche avec les derniers vols sur Bruxelles et sur l’Autriche. En gros, nous raccourcissons d’un mois, puisque nous avions prévu d’aller jusqu’à mi-octobre ou fin octobre ».

Au-delà de la couleur

Par effet mécanique, Air Corsica a dû annoncer la suspension de ses vols à compter du dimanche 20 septembre à destination de l’aéroport de Bruxelles-Charleroi. En tout, 24 vols sont supprimés au départ de Bastia et Ajaccio, à raison de trois par semaine pour chaque aéroport, soit « environ 6 000 passagers de moins transportés », indique Luc Bereni.

De surcroît, du côté de l’Autriche qui, contrairement à la Belgique autorise toujours les voyages et déplacements en Corse, le classement de l’île en zone rouge a aussi eu des répercussions sur un vol charter d’Air Corsica au départ de l’aéroport de Calvi en direction des aéroports de Vienne et Salzbourg dans le cadre d’une rotation triangulaire.

« Ces vols devaient se poursuivre jusqu’au 11 octobre et ils seront clôturés également dimanche 20 septembre », complète Luc Bereni qui confirme que le tour-opérateur partenaire a cédé aux sirènes de la prudence en prenant la décision de supprimer les trois dernières dates. Soit 1 000 passagers de moins transportés entre fin septembre et fin octobre.

« Pour autant, reprend Luc Bereni, cela ne change pas la feuille de route d’Air Corsica pour la fin de l’année, même si c’est dommage. Ceci étant, notre politique s’est révélée payante pour le tourisme corse puisque nous avons essayé de tout maintenir le plus possible et le plus loin possible en termes de calendrier. La limite est posée par ces restrictions gouvernementales qui affectent les déplacements. Mais il nous reste le marché franco-français avec les touristes d’arrière-saison auxquels nous proposons toujours un programme standard. Les annulations qui se font jour émanent des professionnels, non des individuels qui prennent leur billet très tard, de la veille pour le lendemain, d’où l’intérêt de maintenir l’offre. Tant qu’il fait beau, cette clientèle va et ira au-delà de la couleur rouge ».

Air Corsica se contente « volontiers » de ces flux de clientèle individuelle, « certes très tardifs », affirme Luc Bereni, « mais qui nous donnent raison ». Enfin, d’une île à l’autre, ne pas oublier que depuis le 14 septembre, la présentation d’un test PCR-Covid-19 négatif est obligatoire pour tout voyageur se rendant en Sardaigne.

Les voyageurs n’ayant pas effectué de test avant leur départ pourront le réaliser en Sardaigne dans les 48 heures suivant leur arrivée, mais seront obligés de rester en isolement en attendant les résultats.

Royaume-Uni le flou artistique

Un autre problème majeur, ne concernant pas l’île directement, mais la France, donne du fil à retordre aux parents corses dont les enfants partent étudier au Royaume-Uni cette année.

« Je suis obligée d’accompagner ma fille inscrite en master à l’université de Durham à côté de Newcastle, témoigne cette Ajaccienne, puisque les autorités britanniques ont annoncé une quatorzaine pour tous les passagers en provenance de France. Impossible de prendre les transports en commun, ce qui va me contraindre à louer une voiture à l’aéroport afin de rejoindre la résidence étudiante. Quant à moi, je logerai dans un hôtel proche, ne sachant pas si l’hôtel va m’accepter pour une quatorzaine qui, pour ma part, durera quatre jours, laps de temps durant lequel je suis sur place. Et puis, il faut que j’achète à ma fille ce dont elle a besoin pour s’installer. Et là encore, je ne suis pas sûre de pouvoir faire ces achats. Mais ce qui est curieux, c’est que l’on impose cette quatorzaine alors que dans le formulaire que nous remplissons en amont, on nous donne la possibilité d’être hébergés chez des amis ».

ANNE-C. CHABANON

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