Si les vacanciers ont été légèrement plus nombreux à choisir l’île de Beauté pour leurs vacances d’été, ils ont moins dépensé. Mais l’arrière-saison a redonné le sourire aux commerçants.

Sur les quais du port de Bonifacio (Corse-du-Sud), les vacanciers se succèdent pour prendre un dernier cliché de la citadelle qui surplombe la mer Méditerranée. Le soleil est à son zénith, les terrasses des restaurants sont déjà bien remplies. « C’est une belle journée, on va avoir du monde, assure le directeur d’un établissement à quelques mètres de là. Cet été, c’était plutôt moyen, mais ce mois de septembre a vraiment fait du bien. »
Au nord de l’île, Paul Pierinelli, restaurateur et président de l’Association des commerçants du Vieux-Port de Bastia (Haute-Corse), fait le même constat. « Les mois d’avril et mai ont été bons, juin et juillet nous avons ressenti un recul de la fréquentation, août égal à lui-même et le mois de septembre qui vient de s’achever était vraiment excellent », détaille ce professionnel aux trente années d’expérience.
Les familles consomment moins
Pourtant, selon les chiffres de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Corse, le nombre de passagers transportés sur l’île a connu une légère augmentation : 2 % dans les aéroports et 1 % de plus dans les ports de commerce par rapport à l’été 2024, soit plus de 6,1 millions de visiteurs en 2025.
« Fréquentation ne veut pas forcément dire consommation, avertit Paul Pierinelli. Les touristes de haute saison, à savoir les familles, connaissent, depuis plusieurs années, une réelle baisse du pouvoir d’achat. Leur budget consommation sur place est donc réduit, et en louant des meublés de tourisme, cuisiner à domicile allège le budget vacances. »
Les professionnels du tourisme misent donc sur un étalement de la saison. Et ça marche. « Sur notre semestre d’exploitation, le secteur a connu une petite hausse de fréquentation de 2 % cette année », avance Gérard Tapias, président de la fédération de l’hôtellerie de plein air de Corse et gérant de plusieurs établissements à Calvi (Haute-Corse). Sa fédération représente 72 campings.
Lui aussi évoque une offre de plus en plus conséquente en septembre, avec des retombées économiques certaines, qu’il attribue à l’émergence d’une « clientèle éprise de liberté », à savoir des camping-caristes retraités ou des couples sans-enfants. « Ces profils ont un pouvoir d’achat plus important. On va donc les chercher en leur proposant des activités découverte de la nature comme le cyclotourisme, en collaboration avec les clubs. » Gérard Tapias souligne également une clientèle étrangère en hausse, principalement européenne.
En recherche de nouvelles expériences
Du côté des offices de tourisme, comme celui de Calvi-Balagne, on observe un « été stable, voire un petit recul » mais on remarque surtout des résultats très satisfaisants pour ce début d’après-saison. « Nous sommes en progression, avec une clientèle beaucoup plus curieuse en matière de culture, d’activités en pleine nature, souligne Anne-Marie Piazzoli, sa directrice. C’est la clientèle que nous visons, un tourisme choisi, à qui on délivre des messages en matière de préservation environnementale. »
Par rapport à septembre 2024, la fréquentation des bureaux touristiques de la région a augmenté de 5 à 7 %. Des vacanciers en recherche de nouvelles expériences, parfois loin des plages, que les acteurs du tourisme corse comptent bien faire revenir d’année en année.
Par Marie Stouvenot

