Y a-t-il encore une place pour la saison en Corse ? @CorseMatin

Dans l’incertitude de l’évolution de l’épidémie et des décisions gouvernementales, les professionnels cherchent difficilement une voie entre sécurité sanitaire et reprise de l’activité touristique
Les professionnels espèrent encore sauver ce qui peut l’être de l’activité saisonnière. Et attendent de l’Etat des mesures spécifiques pour une île dont l’économie repose à plus de 50 % sur le secteur touristique.
Il y a en Corse deux écoles celle d’une partie de la majorité territoriale qui veut mettre l’île sous cloche en demandant à la fin à l’État de faire un chèque, ce qui n’arrivera pas. La deuxième école, celle à laquelle j’appartiens, veut absolument relancer l’industrie du tourisme au plus vite, en respectant bien évidemment les conditions sanitaires. Ne devons faire en sorte que la Corse ne sorte pas des destinations touristiques : ces propos, tenus dans nos colonnes, Jean-Charles Orsucci les a réitérés jeudi 7 mai, à l’assemblée de Corse. Les élus votaient alors un plan de déconfinement pour la Corse qualifié de « révolutionnaire » par l’Exécutif.
Ce plan taillé pour l’île selon la majorité, est assorti d’une mesure qui, depuis une semaine a fait beaucoup fait parler d’elle : le green pass. C’est-à-dire une attestation justifiant d’un test PCR négatif au Covid-19 de moins de sept jours pour pouvoir venir en Corse.
La polémique du green pass
Avec sa terminologie anglo-saxonne qui rappelle immanquablement le sésame américain, le green pass a déclenché la polémique. Invité de nombreux plateaux télévisés, Gilles Simeoni, s’est expliqué : l’idée est de protéger l’île dont les hôpitaux ont une capacité d’accueil limité et de la présenter comme une destination sécurisée. Mais pour nombre de professionnels, ce message à destination des touristes est plutôt celui d’un « state in casa » rédhibitoire.
Jean-Noël Marcellesi, président du Cercle des grandes maisons corses a immédiatement ouvert le feu. Pour lui, la mesure est un coup de grâce à l’espoir de reprise. « Pour Gilles Simeoni, il s’agissait avant tout de faire le buzz, de ce point de vue, son souhait a été largement exaucé au détriment de l’image de la Corse. Quant à l’éventuelle concrétisation du green pass, j’observe qu’il pourrait s’avérer ingénu de fonder trop d’espoir sur les propos, certes bienveillants mais au fond très vagues, du ministre de l’Intérieur », analyse le patron du Casadelmar, à Porto-Vecchio.
Le monde du tourisme, totalement suspendu à l’évolution sanitaire qui déterminera de l’ouverture des plages, des bars, des cafés, des restaurants et d’une reprise des transports, espèrent pouvoir sauver ce qui peut encore l’être. Propriétaires et gérants d’hôtels comme patrons de petits restaurant du bord de mer se tiennent prêts à recevoir la clientèle dans les meilleures conditions (lire ci-contre).
Réunis mardi à l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse, plusieurs représentants des syndicats et fédérations (Umih, Les gîtes de Corse, fédération de l’hôtellerie de plein air), ont entendu le président de l’Exécutif se défendre de vouloir enterrer définitivement la saison.
Tous font part de leur volonté de trouver une voie médiane entre le sanitaire et la relance du tourisme, pilier qui soutient toute l’économie corse. « Nous attendons d’abord les retours des premières semaines de déconfinement puis, si les choses se déroulent bien, nous espérons pouvoir ouvrir les flux pour ne pas avoir une saison complètement blanche, explique de son côté Charles Zuccarelli, le président du Medef en Corse. Nous devrons être inventifs pour trouver un équilibre souhaité par tous. Car si nous ne réussissons pas à faire environ 30 % de nos chiffres cet été, l’économie corse mettra 3 ou 5 ans à s’en relever. C’est une crise économique et sociale très violente que nous allons affronter. »
Trouver une voie entre sanitaire et retour de l’activité touristique est d’autant plus difficile à mener que sur l’île, les critiques se sont accentuées à propos de la trop forte dépendance économique au tourisme.
Le rapport ambigu de la société corse au tourisme
Une partie de la population qui regarde habituellement d’un œil mauvais le grand nombre de visiteurs s’entassant sur les plages en été, attend d’autant plus, cette saison, une limitation très stricte du flux. À ce propos, il y a une quinzaine de jours, l’annonce de la perte du label européen d’espace protégé de la réserve de Scandola est venue un peu plus souligner l’effet néfaste du tourisme massif, concentré sur deux mois d’été. Sur dix semaines, l’île recense environ 3 millions de visiteurs.
Cette crise sanitaire a exacerbé le rapport ambigu de la société corse au tourisme et rappelle avec force l’indispensable besoin de l’étalement de la saison. Un étalement souhaité depuis des années, sans pour autant jamais trouver de concrétisation.
« On nous regarde comme les marchands désireux de rouvrir coûte que coûte, s’indigne Bernard Giudicielli, représentant de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). Il y a beaucoup de caricatures qui sont faites sur nous, et qui oublient que nous avons aussi nos familles à protéger. Mais il ne faut pas perdre de vue la nécessité de notre travail : les agriculteurs qui fournissent les restaurants, les coopératives, les bus, même celui qui vend des caisses enregistreuses sont en réalité inféodés au tourisme. » Un avis partagé par Toussaint Coeroli, le président des Gites de Corse qui souhaite une communication plus explicite à destination de la population insulaire en cas de reprise de l’activité. Pour Alain Venturi, le représentant en Corse de la fédération de l’hôtellerie de plein air, « parier sur une saison blanche est une hérésie économique. »
Qu’ils réussissent ou non à sauver un semblant de saison, les professionnels du tourisme ont aujourd’hui, jeudi, les yeux rivés sur Paris où le gouvernement doit présenter une feuille de route et les premières mesures concrètes d’un plan de relance national. Élus et acteurs économiques attendent pour leur part des annonces propres à la Corse, une île dont l’économie dépend à plus de 30 % du tourisme et où 20 % de la population vit, déjà, sous le seuil de pauvreté.
31 % : C’est la part du tourisme dans l’économie corse contre 7,4 % en moyenne nationale
2,5 : milliards d’euros sont générés par ce secteur
10 % : des emplois sont directement liés au tourisme
CAROLINE MARCELIN

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