On le sait, Bonifacio est une ville d’art et d’histoire et elle est même détentrice du label national depuis 2019. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle a livré tous ses secrets. « On le sait relativement peu, mais la présence catalane a été forte en Méditerranée entre le XIIIe et le XVe siècles. Elle s’est appuyée sur les îles, dont la Corse, et singulièrement Bonifacio, mais aussi Biguglia ou la Cinarca », explique Jean Castela, président de l’institut d’études appliquées des civilisations et des espaces méditerranéens (Ineacem), créé en 2006, qui travaille sur la valorisation de sites, la recherche et la médiation culturelle dans le cadre d’une « route des îles » de Méditerranée.
Dans un travail avec guides, étudiants, enseignants à l’université, les professionnels ont élaboré des visites guidées un peu différentes de celles qui sont habituellement proposées au visiteur, « avec pour objectif qu’elles soient aussi destinées aux locaux, qui connaissent rarement cette partie de l’histoire ».
Favoriser les échanges
Ce nouveau produit touristique pourrait aussi s’appuyer sur un tourisme à vocation méditerranéenne et culturelle, et ainsi favoriser les échanges, en particulier en direction de la Catalogne et de la Sardaigne, mais aussi de la Sicile ou des Baléares, qui font partie des territoires influencés par la région espagnole. Le projet se veut à la fois économique et éducatif, mettant en réseau des lieux de mémoire en rapport avec cette fameuse « route des îles ». « C’est un itinéraire culturel que nous construisons pour structurer des lieux ou des territoires. Il ne s’agit pas d’apposer des plaques ou une signalétique, mais de programmer des activités et événements tout au long de l’année, avec différents types de guides », poursuit Jean Castela, qui souhaite que ces visites puissent aussi « se faire dans un cadre scolaire, avec différents outils pédagogiques ».
Mettre en réseau des lieux de mémoire en rapport avec la « route des îles »
Récemment, deux guides ont présenté à des professionnels et universitaires leurs travaux de recherche sur Bonifacio. Des visites qui se sont appuyées sur des lieux connus et moins connus, ont révélé des points souvent ignorés « car on pense toujours à Gênes et au royaume d’Aragon, mais rarement à celui de Catalogne ».
Pour la commune, des journées de travail et de présentation comme celle-ci sont l’occasion de réaliser des actions autour du label Ville d’art et d’histoire, « comme cela a été le cas en mars dernier avec une formation », note Battì Disimone, assistant de direction du service patrimoine de Bonifacio. « L’objectif est de faire découvrir autre chose que le centre-ville, montrer que le territoire et son histoire sont beaucoup plus larges que ce qu’on trouve habituellement. Le patrimoine naturel et maritime en fait partie », précise-t-il.
L’Ineacem souhaite désormais structurer les itinéraires de ces visites avec ses différents partenaires, dont la commune de Bonifacio, pour un lancement de produit à la saison prochaine.
SANDRINE ORDAN, sordan@corsematin.com
