JOSÉ MARTINETTI
La saison, si elle se poursuit sur le même tempo, n’aura pas l’effet dopant escompté sur l’économie insulaire. Des perspectives qui participent à un climat d’incertitude qui pèse lourd sur l’ensemble des acteurs économiques même les mieux lotis. L’analyse de la Banque de France
La saison touristique 2023 tourne au ralenti dans l’île. Les professionnels du tourisme et, plus globalement les acteurs économiques locaux ne sont pas les seuls à le remarquer.
Ainsi, selon la Banque de France, “le poumon économique de la région”, autrement dit le tourisme “marque le pas” en ce début d’été. Le constat découle de la synthèse des informations, “les tendances régionales”, recueillies sur le terrain entre le 28 juin et le 5 juillet.
À l’évidence, le changement est brutal d’une année sur l’autre. “L’afflux touristique qui avait caractérisé l’année 2022 n’est pas observé cette année ce qui impacte toute la filière hôtelière, restauration et location de véhicules“, estime l’institution.
Différents facteurs, aux dires de l’institution, rendent compte de cette évolution. Parmi ceux-ci, elle place ” des capacités de transport pas suffisantes”, auxquelles s’ajoute, “la concurrence d’autres destinations“.
L’inflation et son corollaire, la baisse du pouvoir d’achat, semblent encore avoir pris l’ascendant sur les loisirs et, au-delà, les traditionnelles vacances estivales.
Les comportements changent. On rogne de plus en plus sur les dépenses et notamment sur ce qui pourrait s’assimiler à un petit plaisir superflu. L’heure, pour bon nombre de ménages est “aux arbitrages budgétaires” et, ceux – ci se font souvent “au détriment des professionnels de la restauration”. Quelle sera la suite ? Pour l’heure, nul ne le sait. “Pour la haute saison, l’incertitude demeure”.
Le bâtiment va mieux mais jusqu’à quand?
Les signaux, en revanche sont plutôt au vert dans le bâtiment et les travaux publics qui connaissent un regain d’activité, dopé par la commande publique.
Ce qui donne pour le moment, “des carnets de commandes qui paraissent garni aussi bien dans le gros œuvre que le second œuvre”. La relance est enclenchée, ou plutôt “le rattrapage par rapport à un mois de mai pénalisé par de nombreux jours fériés“.
Pour les professionnels du bâtiment contactés par la Banque de France, rien n’est acquis pour autant.
Le secteur se relève. Mais l’embellie risque d’être de courte durée. Alors, on se prépare à moins bien voire au pire. “ Ils sont majoritairement inquiets à compter du dernier trimestre 2023. En effet la demande issue de promoteurs immobiliers, du public ou de ménages semble être moins dynamique“.
Le contexte est favorable aussi s’agissant de la production industrielle. La saisonnalité a produit l’effet escompté, par anticipation. Comme le souligne la Banque de France, “la production industrielle progresse en juin”.
Le mouvement est porté “par la demande affirmée en direction des industries agroalimentaires, de la fabrication de matériels de transport et des filières de la métallurgie, du bois, de la chimie. En effet les professionnels ont répondu à une demande du continent mais aussi insulaire en rapport avec la saison touristique”. L’avenir du secteur dépendra, en partie du moins du mois d’août.
En ce début d’été, les étiquettes semblent valser un peu moins s’agissant des matières premières.
Comme en 2021 et en 2022, tous les secteurs d’activité ou presque manquent de bras, des difficultés de recrutement constituent “un frein pour tous les acteurs économiques sur l’île”.
