Le secrétaire d’État au tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne (au centre) a rencontré les acteurs du tourisme en marge de la visite présidentielle à Bonifacio. |
Lors d’une réunion qui s’est tenue hier à Bonifacio, en marge de la visite présidentielle, le secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne a voulu rassurer les acteurs du tourisme en annonçant le prolongement des dispositifs pour faire face aux conséquences de la crise du Covid-19
Le président Emmanuel Macron a rejoint les socioprofessionnels du tourisme à l’heure du déjeuner pour les rassurer sur leur avenir. PHOTOS FLORENT SELVINI |
Des courageux et des valeureux.’’ C’est ainsi que Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État au tourisme, qualifiait les socioprofessionnels du tourisme de la Corse dont une délégation était réunie hier pour une réunion de travail à Bonifacio en marge de la visite présidentielle.
Accueilli par le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, à l’espace Saint-Jacques, le secrétaire d’État, accompagné de la présidente de l’agence de tourisme de la Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, et du président d’Atout France, Christian Mantei, a voulu rassurer les acteurs du tourisme : « Le chômage partiel va se poursuivre, non seulement jusqu’au mois de décembre mais y compris jusqu’à l’été prochain, on ne vous lâchera pas », a-t-il annoncé d’emblée. « On va se serrer les coudes, franchir les obstacles et rebondir. »
Lors de sa visite express de Bonifacio, le président est allé à la rencontre des touristes, nombreux hier à immortaliser le moment. |
Un rebond qui ne se fera pas durant l’arrière-saison sur laquelle reposaient pourtant de grands espoirs. La recrudescence du phénomène épidémique impacte déjà fortement les projections en termes de fréquentation, comme le confirmait Marie-Antoinette Maupertuis lors de son bilan de cette saison 2020 : « Il n’y a pas eu d’avant-saison, nous enregistrons moins 30 % au mois de juillet, grâce au travail et à la coordination de tous les acteurs et nous avons sauvé le mois d’août. On avait de bons chiffres pour les mois de septembre et octobre mais là, les réservations s’effondrent. L’annonce de l’Allemagne qui demande à ses ressortissants de ne pas venir en Corse est terrible pour les acteurs. On s’attend à un hiver difficile avec des retombées qui vont bien entendu au-delà du tourisme. C’est toute une économie qui va être en grande difficulté », a-t-elle prévenu. Un constat dressé par le président Emmanuel Macron lui-même lorsqu’il s’est adressé aux socioprofessionnels un peu plus tard dans la matinée après une visite express de Bonifacio : « Il faut se dire la vérité pour anticiper plutôt que vivre dans l’illusion, je ne pense pas qu’on aura un été indien et un automne qui soit à la hauteur de vos attentes », a-t-il regretté.
« L’État a fait le paratonnerre »
Un sombre tableau qui inquiète les socioprofessionnels du tourisme qui ont exprimé, hier, clairement, leurs craintes. « Officiellement, le PIB tourisme de la Corse est à 35 %, officieusement il est à 60-70 %. Celui de la France est de 7,8 %, celui de la Grèce et de l’Espagne est de 13 %, l’Italie est à 11 %. Nous avons un PIB trois à quatre fois supérieur à toutes les grandes nations du tourisme, il faudra donc faire trois ou quatre fois plus d’efforts », a estimé Jean-Marc Ettori, PDG de l’agence de voyages Corsicatour. « Il faut un soutien individualisé », commentait pour sa part Jean-Noël Marcellesi, président du Cercle des grandes maisons corses qui a également salué « l’efficacité et la pertinence » des dispositifs déployés jusqu’ici par l’État, « je pense que les acteurs du tourisme peuvent continuer à compter sur un soutien qui sera puissant et massif ».
Jean-Baptiste Lemoyne a en effet réaffirmé, hier à Bonifacio, la volonté du gouvernement d’être présent « dans la durée » aux côtés des entreprises via un plan de soutien exceptionnel lancé dès le 14 mai dernier : « L’État a fait le paratonnerre pour éviter la foudre aux entreprises », a-t-il rappelé. Des mesures «concrètes et pratiques » qui doivent se poursuivre et qui feront l’objet d’une feuille de route territoriale « qui sera finalisée dans les prochaines semaines » et qui devra apporter des réponses « sur-mesure » et « des moyens additionnels pour la Corse », confirmait le secrétaire d’État. Le gouvernement veut également, dès à présent, construire l’avenir du tourisme. « Cette crise sanitaire aura été un révélateur qui a permis de prendre conscience de l’importance du tourisme et un accélérateur avec un plan, France relance, axé sur un tourisme durable, écologique et numérique », annonçait Jean-Baptiste Lemoyne.
Des dispositifs adaptés au cas par cas
Le président Emmanuel Macron a rappelé, pour sa part, lors du déjeuner en présence des acteurs du tourisme, qu’1,4 milliard avait été investi sur la Corse via les dispositifs de chômage partiel, de prêt garanti par l’État et du fonds de solidarité « très largement centré sur le secteur tourisme », a-t-il précisé. Un soutien qui va se poursuivre « à plein », a annoncé le chef de l’État. « Les mêmes dispositifs qui ont montré leur efficacité vont être améliorés et adaptés, y compris à des secteurs contigus au tourisme pour éviter que tout tombe ». Un accompagnement du secteur qui se poursuivra aussi via les prêts garantis par l’État pour lesquels le président veut faire « du cas par cas ». « Pour la première fois dans l’histoire de la République, on a assumé de supprimer les échéances sociales dans les secteurs du tourisme, du sport et de la culture, cela ne s’était jamais fait. Nous y serons peut-être confrontés à nouveau », a-t-il également souligné.
Le temps de l’urgence avec le prolongement des dispositifs, mais aussi le temps de la relance avec un plan pour construire le tourisme de demain. Deux volets qui ont été déclinés d’une même voix par le président et son secrétaire d’État, hier, à Bonifacio. Tout un symbole dans cette cité emblématique du potentiel touristique insulaire.
NADIA AMAR