Depuis le début du confinement, l’union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie (Umih) travaille à aider les professionnels à reprendre leur activité dans de bonnes conditions, en limitant au maximum la casse face à une saison qui se profile comme « blanche » sur la Corse
Jean-Christophe Barrau : « Entre les différents scenarii qui se profilent, nous avons choisi de nous préparer au scenario du pire. » JEANNOT FILIPPI |
Fermés jusqu’à nouvel ordre. Sans savoir quand et dans quelles conditions l’activité pourra reprendre. Ni même si, une fois l’autorisation de rouvrir accordée, les visiteurs seront au rendez-vous. Telles sont les inquiétudes des professionnels du tourisme, de l’hébergement à la restauration en passant par les activités de guide et de sports nature.
Depuis le début de la crise, l’union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie (Umih), et notamment sa branche régionale, travaille à trouver des solutions pour soutenir les professionnels dans la tempête. Et leur permettre d’y survivre.
Remboursement du PGE étalé sur 10 ans
« Notre mission est de faire remonter les informations de cas particuliers auprès des élus locaux et de l’Assemblée nationale, explique Jean-Christophe Barrau élu régional de l’Umih, suppléant de Pierre Negretti. Sur le calendrier des réservations, tout a été stoppé net dès la première semaine de mars et ce, alors que cette saison s’annonçait meilleure que celle de 2019. Dès la deuxième semaine, nous avons eu des annulations en cascade. Là, les gens demandent soit un report de réservation, soit un remboursement des arrhes. Nous avons été confrontés à un décaissement énorme de trésorerie au moment où elle était la plus faible. »
« Heureusement, tous les effectifs n’étaient pas entrés. Cependant, pour ceux déjà en contrat, on nous a demandé de les passer au chômage partiel. Cela répond à un cadre réglementaire strict, car la loi n’a pas été modifiée pour la crise, regrette-t-il. Certaines personnes devant venir du Continent pour travailler et qui étaient confinées chez elles, ont été forcées de se déplacer jusqu’ici pour être au chômage sur place, et ce, sans transport ni moyen de locomotion. »
Les entreprises ont donc dû « taper sur leurs fonds propres ». Et si l’État a donné une possibilité de différer de 18 mois le retour des arrhes, dans les faits, ceux-ci sont remboursés quasiment immédiatement. Pour ne pas pénaliser la clientèle ni véhiculer auprès d’elle une mauvaise image de l’établissement.
Les entreprises peuvent cependant faire appel au Prêt garanti par l’État (PGE) : « Le PGE garantit un prêt de 25 % du chiffre d’affaires, reprend Jean-Christophe Barrau. Il faudra le rembourser douze mois plus tard, soit l’année prochaine, avant la saison.
Ce qui sera impossible si nous faisons une mauvaise saison comme nous le pressentons. Cela va obliger ceux qui ont contracté ce prêt à le rembourser en cinq ans. Tous les ans nous rembourserons 20 % du résultat net. Ce qui veut dire que, soit on augmente nos prix de 20 %, mais ce ne serait pas productif, soit il faut augmenter le volume de travail de 20 %, ce qui ne sera pas applicable si la demande n’est pas là. Avec d’autres Umih ayant les mêmes problématiques, comme à Nice, nous avons obtenu de passer à un remboursement étalé sur 10 ans », apprécie-t-il.
Car en Corse, une saison dure six mois. Si l’on compare à des établissements, dans certaines régions du Continent, qui fonctionnent onze mois et demi de l’année, il faudra « deux fois plus de temps pour rembourser », estime Jean-Christophe Barrau.
B. IGNACIO-LUCCIONI