
ALBERT SALADINI
En amont de la présentation du rapport prévue ce jeudi 2 octobre en session de l’Assemblée de Corse, en vue de l’approbation des contrats de concession de service de transport aérien à destination de l’île, les socioprofessionnels se réjouissent de la création de ces douze lignes désaisonnalisées.
Douze nouvelles lignes désaisonnalisées à destination de la Corse, dont neuf domestiques – à compter du 1er novembre prochain – et trois internationales – dès le 1er avril 2026.
Tel est le projet mis en œuvre par la Collectivité de Corse (CdC), à travers le dispositif inédit d’achat public de flux aériens.
Lors de la session de l’Assemblée de Corse de ce jeudi 2 octobre, il sera demandé aux élus d’adopter ces contrats de concession de service de transport aérien, visant à desservir les quatre aéroports corses en dehors de la pleine saison.
Ces contrats – qui tendent à être annualisés à l’avenir – portent actuellement sur neuf lots attribués à la compagnie Volotea (Bordeaux vers Ajaccio, Bastia et Figari ; Nantes vers Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari ; Strasbourg vers Ajaccio et Bastia). Ainsi que sur trois lots attribués à la compagnie régionale Air Corsica (Bruxelles-Charleroi vers Ajaccio et Bastia ; Rome-Ajaccio).
“Étalement de la saison”
En amont de la présentation du rapport, le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a réuni, ce mardi 30 septembre à Ajaccio, les représentants des professionnels insulaires du tourisme, “les premiers concernés”, selon lui, par l’application de ce dispositif “innovant”, élaboré depuis plusieurs années avec l’Agence du tourisme de la Corse (ATC) et la Chambre de commerce et d’industrie de Corse (CCI).
“La concrétisation de ce projet novateur est appelée à générer d’importantes et vertueuses retombées pour le développement économique et social de l’île”, a souligné Gilles Simeoni.
Dans la continuité de l’objectif affiché par la majorité territoriale d’un “étalement de la saison”, en “rompant avec la concentration de fréquentation durant les seuls mois de juillet et août”, l’enjeu est d’“impulser et accompagner une logique de tourisme et de développement durable”.
Un “dispositif d’amorçage indispensable”
Présenté comme un “dispositif d’amorçage indispensable”, dans un contexte concurrentiel accru des destinations touristiques méditerranéennes voisines et une “stratégie globale” d’évolution des transports, l’achat de flux aérien soulève néanmoins une problématique juridique qui n’est pas totalement réglée.
Par le biais d’un appel public à la concurrence, la CdC se porte, en effet, acquéreur d’un volume minimum de passagers à destination de la Corse (dans le sens aller) sur une période de quatre ans, en contrepartie de l’engagement d’exploitation de lignes par le soumissionnaire et d’un prix versé.
Si l’État ne s’y est pas fermement opposé, un recours initié par la DGAC (direction générale de l’aviation civile) reste possible, dans le cadre du contrôle de légalité. “Nous avons choisi de prendre ce risque mesuré, pour engager la dynamique et convaincre de son bien-fondé”, ajoute Gilles Simeoni.
100 M€ de retombées économiques attendues dès la première année
Aux côtés du président de la CCI, Jean Dominici, du président de l’office des transports, Jean-Félix Acquaviva, ou encore de la présidente de l’ATC, Angèle Bastiani (par visio), il a insisté sur le montant de 100 M€ de retombées économiques attendues dès la première année, pour un investissement d’environ 500 000 € pour 2025, et de 2,5 M€ en année pleine.
De quoi réjouir les professionnels du tourisme, qui ont unanimement salué cette initiative devant permettre d’accueillir 250 000 touristes supplémentaires par an.
“Nous ne sommes pas favorables à un tourisme massif, mais nous sommes très favorables à cette mesure, car le manque à gagner est réel par rapport à une architecture de la desserte aérienne à bout de souffle, a noté Jean-Baptiste Pieri, pour le Cercle des grandes maisons corses. Entre 2019 et 2025, notre capacité aérienne a évolué de + 3 %, contre + 16 % dans les îles concurrentes. On estime la perte de recettes par an entre 500 M€ et 1 milliard d’euros”.
” La mesure permettrait à des professionnels d’ouvrir leurs établissements hors saison”
À l’instar de Christian Costa, pour le relais interdépartemental Corse des Gîtes de France, et de Jean-Dominique Cesari, pour la FCHPA (fédération corse de l’hôtellerie de plein air), Attilius Ceccaldi, président de la Frotsi (fédération régionale des offices de tourisme), a estimé que “la mesure permettrait à des professionnels d’ouvrir leurs établissements hors saison”, tout en “pérennisant des emplois“.
“Cette mesure est une très bonne nouvelle et nous allons nous mobiliser pour y répondre de manière opérationnelle”, a ajouté Benoît Chaudron, représentant de l’Umih Corsica (union des métiers et des industries de l’hôtellerie).

