Alors que vient de débuter un mois d’août que les professionnels du tourisme espèrent meilleur par rapport au début de la saison touristique, la cité impériale semble avoir été peu impactée par une baisse de sa fréquentation jusqu’à présent. Selon l’Office Intercommunal de Tourisme du Pays d’Ajaccio, ce sont cependant les comportements des visiteurs qui ont radicalement changé par rapport à l’année
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Depuis plusieurs semaines, de nombreux socioprofessionnels corses alertent sur une saison touristique 2023 catastrophique du point de vue économique. Pour autant, le taux de fréquentation de notre île est-il lui aussi en berne ? Comme à l’accoutumée, à l’heure du fameux chassé-croisé entre juillettistes et aoûtiens, le hall de l’aéroport d’Ajaccio était en tous cas bondé tout au long du week-end dernier. 22 500 passagers se sont ainsi succédé durant ces deux jours. Des chiffres en léger recul par rapport à 2022. « L’année dernière, nous avions fait 25 000 passagers sur ce week-end », indique Laurent Poggi, le directeur des concessions aéroportuaires de Corse-du-Sud. Dans ce droit fil, des chiffres à la baisse peuvent être observés sur l’ensemble du mois de juillet. Selon les données de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Corse, 245 423 passagers sont en effet passés par l’aéroport en juillet, contre 257 110 en 2022. À noter que ce nombre est toutefois en hausse de 4% par rapport à juillet 2019 où le tarmac ajaccien avait été foulé par 236 981 passagers.
Si l’aérien accuse donc une faible baisse du trafic de passagers, du côté de l’Office Intercommunal de Tourisme du Pays d’Ajaccio (OIT), on constate toutefois une tendance inverse. « Depuis l’avant-saison, et notamment depuis le mois de mai, nous constatons une hausse de notre visitorat entre 8 et 15 % », dévoile la directrice, Nathalie Cau. « Au mois de juillet, nous avons constaté une hausse de 8 % par rapport à 2022 », précise-t-elle en reprenant : « Mais il faut quand même atténuer cela, car même s’il y a du monde les modes de consommation ont radicalement changé par rapport à l’année dernière ».
La directrice de l’OIT concède ainsi tout d’abord que s’il existe un tassement général de la fréquentation de l’île, celui-ci a moins impacté Ajaccio et sa région. « Peut-être parce que nous avons une offre touristique, culturelle et naturelle très diversifiée. On a plusieurs atouts complémentaires qui peuvent justifier le choix préférentiel du pays d’Ajaccio », analyse-t-elle.
” Les retombées économiques seront forcément minorées cette année “
Par ailleurs, elle constate que « lorsqu’ils sollicitent des activités payantes, les visiteurs s’orientent majoritairement vers des petits prix » et relève que les hôteliers « sont négativement impactés » par le nouveau contexte. « Ils n’ont pas des taux de réservation très positifs. Ceux-ci n’ont plus rien à voir avec les taux de l’an dernier. Dans leurs établissements, on va certainement constater une chute de fréquentation. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’à des bilans provisoires, mais chaque semaine, on constate quand même qu’il y a plus de chambres disponibles qu’on n’en avait l’an dernier à la même époque », note-t-elle.
Une tendance liée, là aussi, à des modes de consommation qui ont vraiment changé pour la directrice de l’OIT. « Les touristes s’orientent plus facilement vers du Airbnb, d’abord parce que lorsqu’ils sont en famille, cela correspond plus à la façon dont ils veulent vivre leur séjour sur le territoire et aussi parce que souvent, il y a aussi une raison purement budgétaire », souffle-t-elle en appuyant : « Les gens ont des budgets qui sont extrêmement étriqués. Quand ils peuvent partir en vacances, ils arbitrent des choix de consommation sur l’hébergement et aussi souvent au détriment de la restauration, dont le secteur est également négativement impacté cette saison. Les familles ne peuvent plus aller tous les jours, midi et soir, manger au restaurant, ce qui explique ensuite le sentiment tout à fait justifié de baisse de la fréquentation dans les établissements. C’est l’analyse que nous faisons à ce stade avec les informations dont nous disposons ».
En outre, elle note que le coût important du transport pour traverser la Méditerranée explique également « que les clients sont là, mais qu’ils consomment nettement moins que les années passées ». « Donc les retombées économiques seront forcément minorées cette année», relève-t-elle encore avant de conclure : « Mais n’oublions pas aussi que depuis quelques années, la saison ne s’arrête pas au mois d’août, elle s’étend de manière importante jusqu’à la fin du mois d’octobre, jusqu’aux vacances de la Toussaint. Nous, par exemple, nous avons depuis trois ans un mois de septembre qui est meilleur que le mois de juillet ».
Manon Perelli le Mercredi 2 Août 2023 à 14:40